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Calls for Papers and Contributions

Appel à contributions: Post-Scriptum, no 25 « Après l’inscription. Penser et écrire (après) le post-scriptum »
Posted: Wednesday, March 14, 2018 - 19:27

(à paraître à l’automne 2018)

 

PRESENTATION

Cette année, la revue de recherche interdisciplinaire en textes et médias Post-Scriptum célèbre ses 15 ans. Dans le cadre d’un numéro spécial, nous voulons interroger les multiples facettes du post-scriptum et ses déclinaisons dans la littérature, l’essai, les arts visuels et le cinéma. Si le post-scriptum est communément compris comme une inscription qui se fait dans une temporalité secondaire, un après-coup de l’écriture d’une lettre, c’est-à-dire le moment suivant la signature, il se donne nécessairement à penser comme ce qui vient après l’inscription, puis après le nom.

Qu’y a-t-il après la lettre ? Qu’est-ce qui demeure après le geste d’écriture ? Une trace, un reste, un résidu ? Comment parler de cet après (de) l’inscription sinon que par la remise en présence de ce qui se constitue comme inscription ? En somme, quelles sont les manières de lire et de dire que mobilise le post-scriptum ?

Plus qu’une simple forme dans l’écriture, le post-scriptum apparaît, nous en avons la conviction, comme un espace conceptuel à investir, à mettre en relief dans une pensée littéraire qui réfléchit sur elle-même, sur sa pratique de lecture et d’analyse qui, toutes les fois, se fait dans l’après de la lettre en une nouvelle écriture, en une nouvelle trace qui trouvera, elle aussi, son après.

Peut-être est-ce aussi cela, l’après de l’inscription : la ré-inscription, la succession des écritures dans le commentaire et l’exégèse. Ceci reviendrait toutefois à dire qu’il n’y a d’après de la lettre que dans la remise en scène de cette dernière, que l’après ne peut être saisi que dans le langage et donc qu’il s’écrit nécessairement dans la différance de son énonciation, dans une impossibilité de saisir la trace autrement, voire de la saisir tout simplement. Ce sont des temporalités complexes qui entrent en relation dans ce rapport au langage et au post-scriptum, dès lors que l’on tente de le toucher, de le traduire, de le dire.

Ainsi, pour réfléchir aux esthétiques possibles du post-scriptum dans son rapport au temporel, nous invitons les auteures et auteurs à développer des problématiques autour des axes de réflexion suivants, sans toutefois s’y restreindre :

-       La microlecture (close reading) comme écriture seconde

-       La macrolecture (distant reading) comme écriture de (dans) la durée

-       L’œuvre posthume comme post-scriptum

-       Temporalités de la lecture/écriture/ré-écriture

-       La trace au cinéma

-       Différer l’écriture

-       L’écriture après l’image ou l’image après l’écriture

-       Les potentialités paratextuelles

-       Refaire la préface/re-dire après ce qui doit venir avant

 

CONTRIBUTIONS

Les auteures et auteurs sont prié.e.s d’envoyer leur proposition de 300 mots au plus tard le 20 avril 2018 à l’adresse suivante : redaction@post-scriptum.org.

Vous devez envoyer votre proposition en deux documents distincts : dans le premier fichier doivent apparaître votre nom, votre université d’attache, votre adresse courriel et le titre de votre article ; dans le second fichier doivent apparaître le titre de votre article et le texte de votre proposition.

Les propositions feront l’objet d’une évaluation à l’aveugle par le comité de lecture.

 

CALENDRIER

20 avril 2018 : envoi des propositions

2 mai 2018 : décision du comité de lecture

5 août 2018 : Soumission des articles complets (conformément au protocole de rédaction)

12 septembre 2018 : Décision du comité de lecture

17 octobre 2018 : Version finale de l’article retravaillé en fonction des commentaires du comité de lecture.

Décembre 2018 : publication du numéro

 

Source: Fabula

Appel à communications: Extraire, réemployer, recomposer. XVIe-XVIIe s.
Posted: Wednesday, March 14, 2018 - 19:22

Colloque organisé à l’Université de Caen Normandie

LASLAR EA 4256

jeudi 14 et vendredi 15 mars 2019

 

Partie d’un tout, la pièce se caractérise par son unité interne donc son autonomie. Elle offre ainsi la possibilité d’être insérée dans un autre tout.

Des critiques travaillant sur des corpus très différents de la première modernité ont attiré notre attention sur la construction d’œuvres littéraires en pièces. On pense notamment à Maurice Laugaa, qui engageait la critique à travailler sur les « formes littéraires » agencées dans L’Astrée (« Structures ou personnages dans L’Astrée », Études françaises, PU de Montréal, vol. 2, 1966), à Jacques Truchet qui caractérisait l’œuvre longue comme un « jeu de construction » incluant des formes brèves (« L’Éventail des genres », Le XVIIe siècle, Berger-Levrault, 1992), à Michel Jeanneret qui a étudié ce qu’il nomme la « structure modulaire » d’œuvres de la Renaissance (« Chantiers de la Renaissance, les variations de l’imprimé au XVIe siècle », Genesis, n°6, 1994) ou encore, récemment, à Christophe Schuwey qui, dans sa thèse, s’est intéressé au recyclage de textes d’œuvre en œuvre qu’effectuait Donneau de Visé, « fripier du Parnasse » (Jean Donneau de Visé, « fripier du Parnasse ». Pratiques et stratégies d’un entrepreneur des lettres au XVIIe siècle. Thèse dirigée par C. Bourqui et G. Forestier et soutenue à Paris IV en juillet 2016).

Ainsi on a relevé des Amadis les belles pièces d’éloquence pour en composer des Trésors, ainsi Madeleine de Scudéry a pu sélectionner des conversations dans ses romans afin de les publier en volumes et l’on a pu extraire des pièces de poésie des romans de madame de Villedieu pour en composer un recueil. Ainsi Honoré d’Urfé a repris dans L’Astrée des poésies qu’il avait publiées auparavant dans des recueils et Jean-Pierre Camus a puisé dans des compilations poétiques des pièces d’auteurs contemporains pour les insérer dans ses romans. Desmarets de Saint-Sorlin, lui, a réemployé dans sa tragi-comédie en prose Erigone des morceaux de dialogue de l’« Histoire de Ptolomée et de la princesse Erigone », une des histoires insérées de son roman Rosane. Donneau de Visé n’a pas hésité à déclarer dans la préface des Nouvelles galantes, comiques et tragiques que son ouvrage contenait des textes de sa plume déjà parus et Charles Beys a estimé important de faire savoir dans l’avertissement de sa Comédie de Chansons qu’après tant de «Comédies de vers faits exprez, ce sera[it] un contentement […] d’en voir une de pièces rapportées ». Phénomène éditorial important à l’époque, les recueils collectifs de poésies se copient, dans un processus de réagencement dont les enjeux sont complexes, pour former, déclarent certains discours liminaires, des œuvres nouvelles.

Voilà, dans des publications de la première modernité, quelques cas d’extraction, de réemploi et de recomposition. Ce colloque visera à approfondir l’analyse de ces cas de figure et, nous l’espérons, permettra aussi de mettre au jour des cas jusqu’à présent ignorés ou très peu connus. Il sera aussi l’occasion de réfléchir à la poétique de ces œuvres en modules et à l’influence du marché de la librairie sur le réemploi de pièces d’œuvre, particulièrement quand des phénomènes de mode engagent les libraires à multiplier les publications.

Les communications pourraient donc notamment porter

  • sur des questions de poétique
  • sur la conception de l’œuvre et de son créateur
  • sur le rôle de la dispositio comme critère de la nouveauté d’une œuvre
  • sur le rapport de la pièce réemployée avec l’œuvre qui la contenait originellement (pillage, hommage…)
  • sur l’incidence du recyclage sur la mise en page et la typographie utilisée pour le texte recyclé
  • sur la présence ou l’absence dans l’œuvre d’indices permettant au lecteur d’identifier la reprise
  • sur le marché de la librairie et les privilèges

Si nous avons envisagé dans cette présentation uniquement des cas de réemploi de textes, des propositions de communication sur les gravures accompagnant ces textes, par exemple, sont aussi bienvenues.

 

Les propositions de communication (en français, 500 mots maximum et accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique) sont à envoyer avant le 15 juin conjointement aux deux organisatrices du colloque :

Marie-Gabrielle Lallemand : marie-gabrielle.lallemand[at]unicaen.fr Miriam Speyer : miriam.speyer[at]unicaen.fr

Source: Fabula

Appel à contributions: Saison (revue Cinétrens n°5)
Posted: Wednesday, March 14, 2018 - 19:21

Saison

appel de revue Cinétrens pour son cinquième numéro

« Il y a quelque chose qui n’appartient pas à l’ordre du temps et qui pourtant revient chaque année comme l’automne et comme l’hiver, comme le printemps et comme l’été. Quelque chose qui a ses fruits et sa lumière. Une avant saison qui erre furtivement toute la vie, qui hante les saisons calendaires, qui visite un peu les activités du jour, souvent les sentiments, toujours le sommeil, par le biais des songes et des récits auxquels ils aboutissent dans cette espèce de souvenir verbal qu’on retient d’eux, en lui ôtant toute luminescence et toute fièvre. […] Saison qui est étrangère non pas au langage, mais au tout du langage, étrangère au langage comme discours, étrangère à toute pensée très articulée. »

Albucius, Pascal Quignard

 

Davantage que la quadrilogie cyclique qui organise l’année terrestre, les saisons rythment une variété bien plus grande de phénomènes, dont l’étendue s’avère sensible à une infinité de variations. Ce peuvent être les tonalités successives d’une conversation, à qui il arrive parfois de prendre toutes les inflexions de la voix humaine, aussi bien que de plus longues périodes historiques – le temps de la crispation, le temps du dégel – qui scandent le siècle de leur ombre plus persistante. D’une saison, nous retenons qu’elle est le temps d’un état donné, la météorologie d’une période. La somme de tous les accidents privés et publics, minuscules ou apocalyptiques, qui font trembler un phénomène, en interroge sans cesse l’équilibre, sans – encore – le faire vaciller. D’une saison nous disons qu’elle est la part variable, la modalité d’une substance, et même la médiation nécessaire de son apparaître. Une saison n’est que le climat du jour d’un objet.

Une saison s’abat, et c’est l’urgent passage d’un temps à un autre ; une saison toujours nous met en crise. Elle est encore une variation normale, naturelle, d’un climat attendu, et déjà elle nous prévient qu’un bouleversement plus grand lui fera suite : chaque saison ne nous dit-elle pas qu’elle n’est que temporaire, ne nous signifie-t-elle, pas, parce qu’elle est saison, que son contraire est à venir ? Mais une saison à l’âge moderne ne fait plus seulement que nous dire qu’elle reparaîtra, identique à elle-même, une fois que toutes les étapes du cycle auront achevé leur cours, elle nous inquiète désormais qu’elle ne reparaisse jamais plus.

Le discours métaphorique des saisons

Empruntée à la tradition poétique et picturale, la représentation indicielle des saisons au cinéma a très vite servi le discours de l’image. Par migration métaphorique, gestes de comparaison ou déplacements de sens, les éléments météorologiques, assignés traditionnellement au fonctionnement cyclique du climat humain, ont permis aux images cinématographiques d’articuler un discours selon différents systèmes d’équivalences entre les manifestations de la nature et les activités humaines.

En effet, nombreuses sont les œuvres qui, suivant cet effet mimétique que John Ruskin appelait la pathetic fallacy, l’illusion pathétique d’une correspondance entre l’intériorité du sujet lyrique et le macrocosme universel, font de l’environnement immédiat des personnages le support direct d’une projection anthropomorphique. Particulièrement visible dans le cinéma d’animation, où l’environnement peut s’incarner dans une entité vivante et individualisée, ce phénomène caractérise également de nombreux films où les éléments climatiques jouent un rôle fondamental dans la diégèse. Il est ainsi évident de constater le rôle que prend la sensation d’étouffement provoqué par la chaleur de l’été dans Accattone (1961), de Pasolini, l’aveuglement ensoleillé dans L’Inconnu du lac (2013) d’Alain Guiraudie ou l’été fugitif de Requiem for a Dream (2000), unique rayon lumineux d’une trajectoire où le printemps ne parviendra jamais à advenir.

Mais davantage qu’une météorologie devenue ressort dramatique de la fiction, la saison particulière d’un film se manifeste par une présence plus diffuse : elle n’est plus seulement cet élément naturel qui vient interrompre ou justifier le cours intentionnel des actions des personnages, en constituer l’espace de jeu et d’action ; mais elle définit plus largement la palette d’émotion et d’interprétation qui viendra colorer la scène en participant à manifester sa tonalité particulière. Ainsi, afin de rendre présent cette mélancolie qu’il ressentait devant la pièce de Sir Alain Ayckbourn et qu’il nommait le « cœur de l’amande », Alain Resnais faisait tomber dans Cœurs (2006), en plein milieu de la cuisine, de la neige sur les personnages solitaires interprétés par Pierre Arditi et Sabine Azéma. La Mère (1926) de Poudovkine, quant à lui, se termine par l’arrivée des révolutionnaires cherchant à libérer des prisonniers retenus par le Tsar. Sous leurs pas, la Neva se brise comme pour annoncer le début d’une nouvelle ère, le passage de la révolte à la révolution. Les indices des saisons, entre changements naturels du climat et atmosphères singulières, ont construit un alphabet iconologique disponible aux cinéastes à la fois pour extérioriser les profondeurs de l’âme ou pour rendre visible et lisible les grands mouvements de l’Histoire humaine.

Le temps du dégel – succédant toujours à celui de la crispation – est par exemple pleinement constitutif de l’histoire du cinéma soviétique : il donne place à une nouvelle génération de cinéastes qui réintègrent une authenticité naturelle à leurs films, dans laquelle l’ordinaire, le poétique et l’imaginaire viennent désormais se substituer aux représentations des héros aux faits exemplaires. Mikhhaïl Kalatozov nous conduit d’une nature hivernale hostile qu’il s’agit de combattre avec bravoure dans Sel de Svanetie (1930) vers les aléas météorologiques de Quand passent les cigognes (1957), où l’orage qui s’abat, tout chargé d’érotisme et d’excès, incarne une nature plus mystérieuse, symbole de l’impuissance et des affres de la condition humaine.

La « saisonnalité » documentaire

Avec le néo-réalisme, la Nouvelle Vague et l’introduction de plus en plus assurée de l’image documentaire dans la fiction, toute une nouvelle représentation de la saison se distingue de son usage classique et métaphorique. Quand le studio devait nécessairement contrôler le climat puisqu’il le reproduisait, les prises de vue directes en extérieur ont fait de la saison même du tournage un des éléments documentaires inaliénables du film. Chaque saison ne se résume plus à la somme des ses éléments allégoriques et l’image de cinéma ne peut plus se satisfaire, comme le plateau de théâtre, de la réduction symbolique du décor. La neige de l’hiver, les feuilles de l’automne, le soleil de l’été ou les fleurs du printemps n’indiquent plus un « effet de réalité ». La saison devient un mode d’attention à la circonstance singulière, une réponse au monde et à ses représentations.

Il n’est pas un hasard si « l’expérience nouvelle de cinéma-vérité » que promet Jean Rouch à Edgar Morin au début de Chronique d’un été limite le tournage du film à l’été 1960 comme pour respecter non pas seulement l’unité de lieu, Paris, et l’unité d’action, interroger ses habitants, mais également une unité de temps qui serait la saison. Deux ans plus tard, dans la même ville, Chris Marker et Pierre Lhomme réalisent avec Le Joli Mai un exercice similaire et c’est alors le printemps qui sert de cadre saisonnier au film. Si l’on retrouve cette articulation métaphorique des saisons, puisque la France vient de signer les accords d’Évian ouvrant une période de paix, c’est bien la lumière de la saison qui vient colorer l’image de Pierre Lhomme et détache du simple discours et symbole, la matière expressive du mois printanier. Le cinéma bascule ainsi d’une négation du pouvoir des saisons et de sa primauté sur la mise en scène de l’homme à la conversion de cette primauté en stratégie de la représentation. C’est ainsi que, dès cette époque, des films, même de fiction, peuvent s’avérer dans une certaine mesure « dictés » par leur attention aux saisons. Par le biais de la modification issue de l’image documentaire « directe », le cinéma de fiction lui-même développe alors un nouveau rapport à la saisonnalité : la saison n’est plus une image métaphorique immédiate de l’intériorité, d’une expressivité limitée, mais devient une des conditions principales de la mise en scène. Chez Rohmer, c’est tout un ensemble de thématiques et de dispositifs qui vont se retrouver ainsi conditionnés par les types d’espace, de relations et de conversation qu’une saison rend possible. Ainsi des flirts légers au bord de l’eau dans Le Genou de Claire (1970) ou Conte d’été (1996) : si les travellings sont un des motifs centraux de la conversation des « films d’été » rohmérien, ils sont au contraire réinterprétés dans le « film d’hiver » Ma nuit chez Maud (1969) en un huis-clos à la tension plus érotique et lourde de conséquence.

Sur un autre plan, l’organicité même du film peut être remise en question par ce passage cyclique du temps. Dans les Seasons (2002), Stan Brakhage et Phil Solomon reconstruisent le cycle saisonnier, organisé de l’été au printemps, en reportant simplement sur le support filmique différentes couleurs et textures, différentes intensités des raies de lumière qui viennent s’impressionner sur la pellicule. Dans des pratiques plus expérimentales encore, plusieurs artistes ont fait l’expérience d’enterrer pendant plusieurs mois des fragments filmiques – rubans vierges, matériaux personnels ou appropriés – pour faire émerger les nouvelles images organiques d’une destruction accélérée par l’humidité et les bactéries de la terre qui agissent directement sur la pellicule. Städten in Flamen (1979) de Jürgen Reble fut par exemple réalisé à partir d’une copie d’un film canadien d’abord enterrée dans un jardin puis brûlée et attaquée à l’acide avant d’être refilmée grâce à une tireuse optique.

Dérégulation du climat 

Cependant, l’utilisation symbolique et signifiante des saisons comme fonds iconographique, tout comme l’attention aux manifestations phénoménales propres du réel, subissent de plein fouet les crises de la dérégulation contemporaine du climat. Les avertissements répétés du réchauffement climatique, devenus enjeu majeur de la société humaine et angoisse moderne de l’individu, introduisent un malaise dans la représentation de la nature et de ses cycles, si bien que l’ensemble du système écologique du regard lui-même se trouve bouleversé. Le catastrophisme, d’expression purement humaine de la fin d’un monde, s’est déplacé vers l’inquiétude d’un environnement aux saisons exacerbées ou tout simplement sans plus aucune régulation saisonnière.

S’il est vrai qu’on a pu constater dans le catastrophisme du cinéma grand public le réemploi d’images canoniques puisées à la fois dans la littérature et le cinéma de genre, la dérégulation des saisons a permis l’émergence d’un nouveau lieu d’interrogation des rapports entre l’homme et son environnement. L’exemple le plus récent et le plus populaire se trouve dans l’adaptation des romans de medieval fantasy écrits par George R. R. Martin en série télévisuelle à succès par HBO depuis 2011. Le monde fantastique de Westeros, dont les correspondances politiques avec le notre ont déjà été déjà montrées, fait face précisément à la dérégulation d’une saison perturbant l’équilibre des nations. La fantasy, et dans d’autres exemples, la science-fiction ou l’anticipation, est ici à voir comme dispositif de préfiguration des maux multiples que les sociétés humaines doivent affronter. L’hiver qui n’annonce plus le printemps devient aussi la temporalité du péril causé par la multiplication des flux migratoires, par l’avertissement climatique et par l’impossible conciliation des peuples.  

La télévision et le cinéma ont ainsi fabriqué la représentation des catastrophes climatiques en articulant la puissance utopique de la fiction et la critique idéologique de l’enregistrement documentaire. Le dernier plan du film Take Shelter(2011) de Jeff Nichols nous montrait cette tension. Le film s’achève par la représentation iconique d’une famille américaine face à la matérialisation de la vision prophétique du mari en une tempête lointaine. Les possibilités réflexives de la représentation d’une classe moyenne américaine se trouvent ainsi confrontées aux renversements des valeurs de l’Amérique (moyenne) et aux allers-retours discursifs de la prémonition d’une catastrophe climatique. Suivant un scénario semblable à l’époque d’autres inquiétudes, le père de famille joué par Toshiro Mifune dans Vivre dans la peur (1955) d’Akira Kurosawa, abandonnant le personnage d’idiot prescient des Sept Samourais (1954) pour celui de fou tragique, cherchait dans un accès de démence à vendre tous ses biens et d’émigrer au Brésil, persuadé jusqu’au bout que la catastrophe nucléaire allait à nouveau frapper le Japon dix ans après Hiroshima et Nagasaki. Quelques années plus tard, La Nuit (1961) d’Antonioni, à l’atmosphère hantée subrepticement par le même spectre du champignon radioactif, s’achevait dans l’évanouissement le plus total des figures humaines. Filmés avec une proximité intensément matérielle, comme l’eau s’écoulant d’un tonneau percé, ces quelques plans, annonçant peut-être la tendance contemporaine des films non-humains comme Leviathan (2012) de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravelforment l’image temporelle glaçante d’une « saison nucléaire » à venir.

Dans cette acception contemporaine, souvent marquée par l’inquiétude, de la représentation des temps, la saisonnalité perd alors le caractère anthropomorphique que la subjectivité artistique lui conférait volontiers, pour n’être plus que l’agent d’une méditation inquiète sur la poursuite du cycle saisonnier. Alors la problématique de la cyclicité naturelle et rassurante des saisons bascule vers celle de l’angoisse de la destruction irréparable de la répétition. Ces figures d’un temps apocalyptique interrogent à nouveaux frais la saisonnalité comme le moment d’un possible basculement d’une saison humaine vers un temps dont l’homme serait absent.

*

Nous espérons que ce parcours autour des différentes représentations des saisons au cinéma permet de dégager les différents enjeux de la question selon des approches et des corpus variés. L’approche globalisante laisse également la possibilité de travailler sur un sens encore plus général de la saison et sur sa relation avec le profilmique et l’industrie du cinéma. En effet, la sérialisation grandissante du médium cinématographique et des productions télévisuelles peut également nous amener à s’interroger sur les fondements du calendrier des sorties et de son impact culturel dans le monde. On parle ainsi de « la saison des Oscars » aux États-Unis et les différentes grandes maisons de productions planifient la sortie de leurs blockbusters en fonction de deux périodes-clés : l’hiver (les « films de Noël ») et l’été (les films des vacances). Ce type d’étude de la sociologie et des institutions du cinéma pourrait également s’intéresser aux festivals et à la façon dont leur rythme et leurs répartitions périodisent l’année cinématographique.

Axes de recherche possibles :

Étude sur la représentation symbolique et métaphorique des saisons au cinéma. Analyse comparée des relations entre poésie, arts visuels et musique articulée autour du thème des saisons.  La question du « cinéma du dégel » et de la représentation des événements climatiques dans les films politiques.  Analyse portant sur des films construits en différents cycles ou rythmes comme La Sixième partie du monde de Vertov (1926), Les Saisons de Pelechian (1972) ou encore Printemps, été, automne, hiver … et printemps de Kim Ki-duk (2003). Travaux portant sur les « films saisonniers » comme les Conte des quatre saisons de Rohmer, ou les variations climatiques des films de Hong Sang-soo. La représentation de la dérégulation des saisons dans le cinéma catastrophe. Analyse de sociologie du cinéma sur la question des cycles du calendrier des sorties et plus généralement sur le rythme de l’industrie du cinéma et sur le rôle des différents acteurs dans l’imposition de ce rythme.

 

Notes aux contributeurs :

- La date limite d’envoi des articles et contributions graphiques est fixée au 15 juin 2018.

- Une contribution écrite devra au minimum comporter 8.000 signes (espaces comprises), et ne pourra excéder 25.000 signes.

- L’usage de photogrammes est autorisé et bienvenu si ceux-ci sont utilisés dans le texte de l’article.

- L’usage des intertitres est fortement conseillé dans le cours de l’article, pour mieux en montrer les articulations. Les contributions de type analytique devront respecter les conventions typographiques usuelles de la rédaction universitaire. Les notes de bas de page devront être au format : « NOM Prénom, Titre, Édition, Lieu, Date, pagination. »

- La soumission des articles ou contribution graphique se fait par courrier électronique au format .docx à l’adresse : redaction.cinetrens@gmail.com

*

La revue Cinétrens est née à l'École Normale Supérieure de Lyon. Son ambition est d’ouvrir le champ cinématographique à une approche transdisciplinaire, c’est la raison pour laquelle nos appels à contributions s’adressent tout autant à des écrivains de cinéma – théoriciens, critiques ou auteurs – qu’à des cinéphiles d’autres horizons, désireux d’éprouver leur champ de spécialisation sur le territoire du cinéma. Chaque numéro propose ainsi un objet susceptible d’intéresser le cinéma, qui le travaille de l’intérieur et participe à sa définition ou à celle des pratiques des réalisateurs et des spectateurs.

Cet appel est ouvert à toutes formes d’écriture, analytique, critique ou de création.

RESPONSABLE :

Revue Cinétrens

URL DE RÉFÉRENCE

https://www.facebook.com/cinetrens

Source: Fabula

Appel à communications: Voyageurs et voyages. Incursions culturelles et linguistiques
Posted: Wednesday, March 14, 2018 - 19:18

VIIe Colloque International Communication et Culture dans la Romania Européenne (CICCRE)

les 15-16 juin 2018

Université de l’Ouest de Timişoara, Roumanie

 

Voyageurs et voyages. Incursions culturelles et linguistiques

La VIIe édition du Colloque International Communication et Culture dans la Romania Européenne (CICCRE) propose comme thème de réflexion et de débat le voyageur et ses voyages, réels ou symboliques, et la manière dont ils se reflètent dans les littératures, les arts et les langues romanes.

Le voyage représente une expérience permanente dans toutes les étapes de la vie de l’homme. Homo viator fait partie de l’épopée de l’humanité et chaque langue le représente à sa manière, dans la sphère du réel ou du symbolique. Les voyages réels, les grandes découvertes, tout comme les grands explorateurs des terres inconnues nous permettent de reconstruire et d’imaginer des itinéraires. En même temps, la littérature transfère le voyage dans le plan de l’imaginaire, du symbolique, de l’inconnu, de l’initiation où le personnage met à l’œuvre sa maturité spirituelle et même toute son existence.

La culture de l’Antiquité (surtout grecque et latine), nous offre des œuvres qui traitent le thème du voyage. Il suffit de rappeler Homère et Virgile qui ont rendu à l’histoire et aux littératures à venir, et surtout à l’imaginaire collectif du monde occidental, la figure du voyageur par excellence et du voyage (maritime ou terrestre)-en tant que punition et sublimation de l’être humain. Ulysse, vainqueur dans les guerres grâce à la force de son intelligence, est, en même temps, vainqueur des espaces lointains grâce à la puissance de son âme. Énée parcourt le monde afin de jeter les fondements d’une des plus grandes civilisations de l’Antiquité. C’est lui qui conduit Dante dans les trois mondes d’au-delà, dans son exploit de compréhension de la condition tragique de l’homme.

Par son célèbre personnage Don Quichotte, Cervantès ajoutera d’autres horizons sémantiques au  voyage et au drame du voyageur. Le Grand Tour, qui constitue, pendant quelques siècles, un rituel obligatoire dans la formation des jeunes aristocrates, ajoute au voyage de nouvelles significations.

À partir du XIe siècle, l’Europe se trouve dans un mouvement de plus en plus intense, grâce à la reprise du commerce et aux voyages des commerçants. Les nouveaux voyageurs, partout dans l’Europe ou au-delà  de ses frontières, sont animés de raisons différentes. Les chevaliers errants parcourent les fiefs afin de se mettre au service des châtelains; les moines pérégrins transmettent dans leurs voyages, à travers le temps et l’espace, les valeurs de la culture chrétienne et antique à la fois; des jongleurs, des troubadours, des trouvères, des artistes, errant d’une Cour à l’autre, laissent dans des œuvres les traces de leur passage dans ces endroits. Les pèlerins et les commerçants, voyageurs par excellence du Moyen Âge, tout comme les grandes découvertes géographiques, les progrès réalisés dans les domaines de la science et de la technique, les changements politiques et religieux de la Renaissance et des siècles suivants changent profondément les conceptions sur le monde et sur la vie.

Le thème du voyage connaît des transformations significatives de nos jours. De nouvelles catégories de voyageurs réels (par exemple les astronautes) et des types différents de voyages littéraires (comme la science-fiction) et linguistiques (les nouveaux langages) apparaissent. On peut y ajouter les catégories de la navigation virtuelle: l’Internet et les réseaux sociaux avec leur jargons pécifiques.

Le voyage -  quelles que soient ses coordonnées - va connaître de nouvelles formes qui reflètent les changements des modèles culturels de référence ou de l’imaginaire collectif, dont les facettes sont nombreuses et dynamiques.

 

Les organisateurs du CICCRE 2018 invitent les participants à l’analyse de ce thème complexe, proposant comme possibles sujets de réflexion et de débat:

  • les héros et les voyages;
  • les voyages initiatiques ;
  • les pèlerins et le thème du pèlerinage ;
  • les voyages dans les mers, les naufrages, les exils ;
  • les voyages terrestres, les migrations, le croisement des civilisations ;
  • les voyages dans l’imaginaire ;
  • la métaphore du voyage dans la musique et dans les arts visuels ;
  • les notes des voyageurs étrangers sur les Roumains et sur leur langue ;
  • le lexique des découvertes géographiques et scientifiques ;
  • la langue– le meilleur moyen de voyager dans le temps ;
  • les mots voyageurs– la circulation des mots dans l’Europe romane ;
  • le jargon des réseaux sociaux ;
  • l’internationalisation des termes.

Tous ceux qui sont intéressés par les voyageset les voyageursainsi que par les incursions linguistiques, littéraires et culturelles dans l’espace de la Romania – enseignants, chercheurs, doctorands – sont invités à proposer des communications dans l’une des sections du colloque: langue et littérature latines; langue et littérature roumaines; le roumain comme langue étrangère; langue et littérature françaises; langue et littérature italiennes ; langue et littérature espagnoles; langue et littérature portugaises; didactique des langues romanes ; histoire et théologie ; musique et théâtre ; beaux-arts.

 

COMITÉ SCIENTIFIQUE

Eugenia ARJOCA-IEREMIA, Professeur des universités, Université de l’Ouest de Timişoara

Florica BECHET, Professeur des universités, Université de Bucarest

Doina BENEA, Professeur des universités, Université de l’Ouest de Timişoara

BERTATibor, Professeur des universités, Université de Szeged

Mirela BORCHIN, Maître de Conférences, Université de l’Ouest de Timişoara

Jenny BRUMME, Professeur des universités, Université « Pompeu Fabra », Barcelone

DHC Norberto CACCIAGLIA, Professeur des universités, Université pour les Etrangers, Pérouse

Giovanni CAPECCHI, Professeur des universités, Université pour les Etrangers, Pérouse

Ioana COSTA, Professeur des universités, Université de Bucarest

Monica FEKETE, Maître de Conférences, Université « Babeş-Bolyai » deCluj-Napoca

Katarzyna Gadomska, Professeur des universités, HDR, Institut des Langues Romanes et de Traductions, Université de Silésie

Elena GHIȚĂ, Maître de Conférences, Université de l’Ouest de Timişoara

José Manuel GONZALEZ CALVO, Professeur des universités, Université d’Extremadura, Cáceres

Ioan IOVAN, Professeur des universités, Université  de l’Ouest de Timişoara

Coman LUPU, Professeur des universités, Université de Bucarest

Marjanucz Laszlo, Professeur des universités, Université de Szeged

Ileana OANCEA, Professeur des universités, HDR, Université de l’Ouest de Timişoara

Adriano PAPO, Professeur des universités, Université d’Udine et le Centre d’Etudes  Adria-Danubia, Duino Aurisina, Trieste

Antonio PATRAȘ, Professeur des universités, Université « Alexandru Ioan Cuza » de Iași

Lăcrămioara PETRESCU, Professeur des universités, Université Alexandru Ioan Cuzade Iași

Elena PÎRVU, Professeur des universités, Université de Craïova

Alessandro ROSSELLI,Professeur des universités, Université de Szeged

Eleonora RINGLER-PASCU, Professeur des universités, Université  de l’Ouest de Timişoara

Mihaela Silvia ROŞCA, Maître de Conférences, Université  de l’Ouest de Timişoara   Leonardo SARACENI, Professeur des universités, Institut supérieur de Musique Francesco Cilea, Castrovillari

Oana SĂLIŞTEANU, Professeur des universités, Université de Bucarest

Maria ŢENCHEA, Professeur des universités, Université  de l’Ouest de Timişoara

Estelle Variot, Maître de Conférences, Aix-Marseille Université, CAER

Violeta ZONTE, Professeur des universités, Université de l’Ouest de Timişoara

 

ORGANISATEURS ET PARTENAIRES 

Le CICCRE est organisé par le Centre d’Études Romanes (CSRT) de la Faculté de Lettres, Histoire et Théologie de l’Université de l’Ouest de Timişoara en partenariat avec l’Université de Szeged (Hongrie).

 

PRÉSIDENTE DU COLLOQUE

Valy CEIA, Maître de Conférences, Université  de l’Ouest de Timişoara, Roumanie

 

COMITÉ  D’ORGANISATION (responsables des sections)

  • Section Langue et littérature latines

Valy Ceia                   valy.ceia@gmail.com

  • Section Langue roumaine et Le roumain comme langue étrangère

Bogdan Țâra              tarabogdan@yahoo.fr

Emina Căpălnăşan      astarteea@yahoo.com

  • Section Littérature roumaine

Dumitru Tucan            btucan@gmail.com

  • Section Langue et littérature italiennes

Mirela Boncea            bonceamirela@yahoo.it

Silvia Paşcu                silvia_mandincea76@yahoo.com

  • Section Langue et littérature françaises

Ramona Maliţa          malita_ramona@yahoo.fr

Mariana Pitar             pitarmariana@yahoo.fr

  • Section langue et littérature espagnoles

Luminiţa Vleja           lumivleja@yahoo.com

  • Section Langue et littérature portugaises

Iolanda Vasile            iolanda.vasile@gmail.com

  • Section Histoire et Théologie

Simona Regep            simonaregep@yahoo.com

Călin Timoc               calintimoc@gmail.com

Remus Feraru             remusferaru@yahoo.fr

  • Section Beaux-Arts

Iosif Mihailo  iosif.mihailo@yahoo.com

  • Section Musique et Théâtre

Lucian Roșca             lucian_r2007@yahoo.com

 

Calendrier du colloque

- La VIIe édition du CICCRE aura lieu les 15-16 juin 2018 à l’Université de l’Ouest de Timișoara, 4 bd. Vasile Pârvan, Timişoara ;

- le 1er mai 2018 : soumission des propositions (titre et résumés en français et en anglais) et envoi du bulletin d’inscription (voir ci-dessous) à ciccre@gmail.com ainsi qu’au(x) responsable(s) de la section choisie (voir les adresses électroniques en haut)

- le 15 mai 2018 : notification d’acceptation aux auteurs.

Les langues de travail du CICCRE 2018 sont : le roumain, le français, l’italien, l’espagnol et le portugais.

 

Frais d’inscription au colloque

La taxe de participation au colloque est de 50 euros ou 230 RON (payables sur place). Les frais d’inscription comprennent la participation au colloque, la documentation, les pauses-café, le déjeuner, le dîner, ainsi que la publication des actes du colloque. L’hébergement et les frais de transport sont à la charge des participants.

 

Bulletin d’inscription (à renvoyer par courriel avant le 1er mai 2018)

Nom(s):

Prénom(s):

Statut (professeur, chercheur, doctorant, etc.) :

Affiliation (université, institut, centre de recherche, etc.)

Courriel électronique:

Section du colloque :

Intitulé de la communication:

Résumés en français et en anglais (200 - 250 mots)

5 mots-clés et 5 Keywords :

Vidéoprojecteur pour la présentation de la communication en diapos : Oui ou non

Appel à communications: La Prison : expériences, imaginaires et créations
Posted: Wednesday, March 14, 2018 - 19:15

Université de Sfax, 25-26-27 octobre 2018

Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax

Colloque International du Département de Français

 

PRESENTATION

Notre proposition part d’un constat, celui d’un décalage entre, d’une part, la présence considérable de la prison et de ses différents avatars dans la production littéraire et artistique et, d’autre part, le nombre assez limité des études consacrées au sujet. Ce constat en cache un autre, plus précis : la plupart des travaux ayant abordé le motif de la prison, du moins en littérature, l’ont fait généralement de manière thématique, dans le sillage de l’ouvrage fondamental de Victor Brombert, La Prison romantique, centré sur les structures de l’imaginaire et inspiré par les études fondatrices de Gaston Bachelard et de Gilbert Durand.

Il s’agirait, dans le cadre de ce colloque, de traiter, non pas exclusivement le thème littéraire de la prison, mais plutôt la question de la prison. Car la prison pose véritablement question et se révèle un objet d’étude fondamentalement complexe et problématique, situé au carrefour de plusieurs domaines de la pensée (littérature, arts, mais aussi histoire, sociologie et philosophie), et par là même susceptible d’être appréhendé sous plusieurs angles d’attaque.

Une réflexion, prolongeant d’une certaine manière le travail de Victor Brombert, pourrait s’articuler autour des différents modes de représentation de la prison dans le champ littéraire et artistique, et analyser les multiples associations psychiques, imaginaires et existentielles qu’elle est à même de convoquer. Imprégnant souvent la manière dont le monde est perçu, la temporalité pénitentiaire a en effet ceci de particulier qu’elle situe le personnage en dehors du temps cyclique habituel, comme le montrent exemplairement La Métamorphose ou La Colonie pénitentiaire de Kafka.

L’état de réclusion peut altérer la perception du temps subjectif, contraindre la communication interpersonnelle, mettre à rude épreuve le corps et l’intimité, menacer l’intégrité morale et physique du sujet, mais il peut aussi, de manière assez paradoxale, favoriser et même déclencher l’acte de création, en confrontant le captif à une solitude à la fois douloureuse et féconde, et en ouvrant chez lui un regard autre, souvent réflexif et lucide, sur lui-même et sur le monde.

Une deuxième approche, portant essentiellement sur la sociopoétique de la prison, pourrait envisager la possibilité et l’intérêt d’une périodisation qui, tout en interrogeant la prégnance du paradigme de la prison au fil des siècles, essaierait, dans le sillage ouvert par les travaux de Michel Foucault et de Gilles Deleuze, d’avancer des hypothèses sur des liens significatifs entre les « aléas » de cette présence – son essor tout comme son déclin ou son éclipse périodiques – et l’existence d’une réalité historique, d’un discours idéologique ou d’une logique sociale de l’enfermement.

Serait aussi examinée complémentairement, sous cet angle, l’évolution de la perception de la prison, de la vision souvent romantique du XIXe siècle (que l’on pense à Hugo, Stendhal, Nerval ou encore Baudelaire) à la vision désenchantée ou, parfois, révoltée des productions contemporaines.

La prison, à travers ses nombreuses manifestations, pourra également être appréhendée dans une optique proprement métapoétique. L’analyse de la fonction symbolique et métaphorique des lieux de l’incarcération et de la claustration (le cachot, la geôle, la cellule, le bagne, le couvent, l’école, l’usine, la caserne, la maison close, l’asile, la résidence surveillée, le ghetto, les lieux de l’exil…) conduira nécessairement à l’exploration minutieuse de leur potentiel métapoétique.

Saisi ainsi dans une perspective de réflexivité ou de mise en abyme textuelle, le lieude l’enfermement pourra tour à tour renvoyer au psychisme du créateur, à la clôture (l’autonomie) de l’œuvre proprement dite, ou encore à la vocation ou à la définition même du créateur.

Sans prétendre à l’exhaustivité, quelques pistes de réflexion peuvent être suggérées. Ces propositions, nullement restrictives, indiquent simplement des directions de recherche. La priorité sera donnée aux sujets originaux et aux questionnements nouveaux et pluridisciplinaires autour de la problématique de la prison :

  • Les imaginaires de la prison ou la prison à l’épreuve de l’expression littéraire et artistique : l’écriture et la production carcérales : formes, styles et ethos ; la prison entre « mythe » et réalité ; les distorsions de l’histoire et la fictionnalisation du vécu carcéral ; les postures, stratégies et scénographies auctoriales.
  • La prison, le social et le politique : l’institution carcérale, les stratégies de contrôle et les mécanismes du pouvoir et du contre-pouvoir ; la prison et la marginalité ; la prison comme microcosme social, laboratoire d’observations et terrain d’affrontement idéologique.
  • La prison et la création : quels rapports ? Créer en prison : contraintes de la réclusion et ingéniosité créatrice ; les « cris gravés » (Apollinaire) ; les supports d’expression picturale en milieu pénitentiaire (dessins, graffiti, tatouages…) ; les formes d’expression spontanées et brutes ; la création verbale : le jargon et l’argot de la prison ; les phénomènes linguistiques de cryptage, de dérivation, d’hybridation.
  • La prison, entre hantise, conjuration et devoir de mémoire : le témoignage et ses valeurs (réparatrice, historique et documentaire) ; le pouvoir du texte, de l’image, du dessin ; catharsis et sublimation ; les thérapies artistiques et les ateliers de création en milieu carcéral.
  • Les expériences de la prison : prison réelle, prison imaginaire, prison fantasmée ; les récits des camps et des prisonniers politiques ; l’appréhension de la temporalité et de la spatialité pénitentiaires ; le corps, l’intimité, la parole et l’identité en souffrance en milieu carcéral ; les détours et les stratagèmes de la communication carcérale.
  • La prison comme métaphore : avatars, figurations et expressions de l’enfermement au fil des siècles ; les nouvelles prisons « modernes » (la société, l’école, l’entreprise, l’administration, Internet, les réseaux sociaux, la télévision…).

 

COMMUNICATIONS

Les propositions de communications (titre, résumé – une vingtaine de lignes –, 5 mots clés) seront accompagnées d'une courte notice bibliographique et envoyées au plus tard le 10 juin 2018 à l'adresse suivante : prisonentouteslettres@gmail.com

30 juin 2018 : notification de la liste des communications acceptées.

Les textes définitifs devront être envoyés dans le mois suivant le colloque à la même adresse électronique.

 

COMITE SCIENTIFIQUE 

Mohamed BOUATTOUR (Université de Sfax)

Arbi DHIFAOUI (Université de Sfax)

Samia KASSAB CHARFI (Université de Tunis)

Kamel SKANDER (Université de Sfax)

Mustapha TRABELSI (Université de Sfax)

Dominique VIART (Université Paris X)

 

COMITE D'ORGANISATION 

Dorra ABIDA FEKI (Université de Sfax)

Sameh BEN LAKHAL (Université de Sfax)

Hafedh BEN ALI (Université de Sfax)

Ola BOUKADI (Université de Sfax)

Wafa ELLOUMI (Directrice du Département de Français, Université de Sfax)

Fatma FAKHFAKH (Université de Sfax)

Yamen FEKI (Université de Sfax)

Yosra FRIKHA (Université de Sfax)

Taïeb HAJ SASSI (Université de Sfax)

Makki REBAI et Kamel Skander (Coordinateurs du colloque, Université de Sfax)

 

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE : 

ARDOUREL CROISY (Marion), « Parler en prison au XIXe siècle : la parole enfermée, un enjeu de pouvoir », in Sarga Moussa (dir.), Le XIXe siècle et ses langues, Actes du Ve Congrès de la Société des Études Romantiques et Dix-neuviémistes, http://etudes-romantiques.ish-lyon.cnrs.fr/wa_files/Langues-Ardourel.pdf

ARMAND (Jean-Michel), L’Argot des prisons, dictionnaire du jargon taulard et maton du bagne à nos jours, Paris, Horay, 2012.

BALANDIER (Franck), Les Prisons d’Apollinaire, Paris, L’Harmattan, 2001.

  • Des poètes derrière les barreaux, Paris, L’Harmattan, 2012.

BEGUIN (Albert), L’Âme romantique et le rêve, Paris, Corti, 1939.

  • « Les Poètes et la Prison », in Création et destinée, Neuchâtel, A la Baconnière, 1973.

BENJAMIN (Walter), Paris, capitale du XIXe siècle. Le Livre des Passages, en partic. le chapitre « L’intérieur et la trace ».

BERCHTOLD (Jacques), Les Prisons du roman : XVIIe-XVIIIe siècles : lectures plurielles et intertextuelles de Guzman d'Alfarache à Jacques le fataliste », Genève, Droz, 2000.

BESOZZI (Claudio), Les Prisons des écrivains. Enfermement et littérature aux XIXe et XXe siècles, Vevey, Editions de l'Aire, 2015.

BROMBERT (Victor), La Prison romantique. Essai sur l’imaginaire, Paris, Corti, 1976.

CARLETTI (Lorenzo), « Les graffitis des prisonniers politiques à Vicopisano (Pise) : une question de conservation », Fabula / Les colloques, Les éphémères, un patrimoine à construire, URL : http://www.fabula.org/colloques/document2932.php

COMBESSIE (Philippe), Sociologie de la prison, Paris, La Découverte, « Repères », 2009.

CROISY (Marion), La prison dans la littérature française du XIXe siècle. Représentations romanesques et imaginaire social de la modernité carcérale, Thèse de doctorat en littérature française dirigée par Paolo Tortonese et soutenue le 02-12-2016 à Sorbonne Paris Cité,

DEDEYAN (Charles), Stendhal : captivité et captif ou le mythe de la prison, Paris, Didier Erudition, 1998.

DELEUZE (Gilles), Pourparlers, Paris, Les Éditions de Minuit, 1994. 

  • « Post-scriptum sur les sociétés de contrôle », in Pourparlers 1972-1990, Les Éditions de Minuit, Paris, 1990.

DU CAMP (Maxime), « Les Prisons de Paris », in Revue des Deux Mondes, t. 83, 1869.

Ecriture et prison au début de l'âge moderne, dossier des Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 39 | 2007, http://ccrh.revues.org/3345

EL BASRI (Aïcha), L’imaginaire carcéral de Jean Genet, Paris, L’Harmattan, coll. « Espaces littéraires », 1999.

FOUCAULT (Michel), Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1975.

GOFFMAN (Erving), Asiles, Paris, Editions de Minuit, 1968.

HIGELIN (Audrey), « Habiter la prison : la question de l’espace carcéral dans l’œuvre

de Berthet One, ancien détenu devenu dessinateur », in   https://criminocorpus.hypotheses.org/4438

KALIFA (Dominique), « Prisons à treize sous. Représentations de l’enfermement et imprimés de masse à la fin du XIXe siècle », Revue d’histoire du XIXe siècle, n° 20-21, 2000, p. 203-215.

Lettres d’exil, d’enfermement, de folie, Actes du colloque de Caen, 16-18 juin 1991, Paris, Champion, 1993.

MAYEN GUIMIER (Marthe), Prison vécue – Prisons imaginées au XIXe siècle, Thèse de doctorat, Grenoble III, 1989.

MÉCHOULAN (Eric), ROSELLINI (Michèle)  et CAVAILLÉ (Jean-Pierre), dir., Ecrire en prison, écrire la prison (XVIIe-XXe siècles)Les Dossiers du Groupe de Recherches Interdisciplinaires sur l’Histoire du Littéraire, 01 | 2011, http://dossiersgrihl.revues.org/4874

MORAND (Bernadette), Les Écrits des prisonniers politiques, Paris, PUF, coll. « Sup. Section Littératures modernes », 1976.

PERROT (Michelle) (dir.), L’impossible prisonRecherches sur le système pénitentiaire français, Paris, Seuil, 1980.

  • « Écrire en prison au XIXe siècle », in Les Ombres de l’histoire, Paris, Flammarion, 2001.

PETIT (Jean-Guy), « Les historiens de la prison et M. Foucault », in Sociétés et Représentations, n° 3, novembre 1996.

PETRESCU (Maria), L’image de la prison dans la littérature française et québécoise du XXe siècle, 2013,

https://uwspace.uwaterloo.ca/bitstream/handle/10012/7454/PETRESCU_MARIA....

POULET (Georges), « Piranèse et les poètes romantiques français », NRF, n° 160-161, avril-mai 1966, p. 660-671 et p. 849-862.

« PRIGIONI », numéro spécial de Lectures, V, 12, juin 1983.

« PRISONS », Romantismerevue du XIX e siècle, n° 126, Paris, Armand Colin, 2004.

STAROBINSKI (Jean), L’Invention de la liberté, Genève, Skira, 1964.

  • « Préface » à La Colonie pénitentiaire de Kafka, Fribourg, Librairie de l’Université de Fribourg, Paris, Egloff, 1945.

STEINMETZ (Jean-Luc), « Les Malheurs du récit », postface à Madame Putifar de Pétrus Borel, éd. Régine Deforges, 1972.

VARAUT (Jean-Marc), Poètes en prison, de Charles d’Orléans à Jean Genet, Paris, Perrin, 1989.

YOURCENAR (Marguerite), « Les prisons imaginaires de Piranèse », NRF, n° 97, janvier 1961, p. 63-78.

VARAUT (Jean-Marc), Poètes en prison, Paris, Perrin, 1992.

VIMONT (Jean-Claude), « Graffiti en péril », in Sociétés & représentations, n° 25, 2008, Éditions de la Sorbonne,  p. 193-202 [en ligne : https://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2008-1-page-193...

  • « Le caricaturiste enfermé. L’histoire de la justice en France et les représentations iconographiques » in Pascal Dupuy (dir.), Histoire, images, imaginaire, Pise, Edizioni Plus, 2002, p. 147-163.

 

New Publications

Dictionnaire des musiciens de la cour de Louis XIII et des maisons princières (1610-1643) (Jacques Szpirglas)
Posted: 15 Jan 2022 - 14:01

Jacques Szpirglas, Dictionnaire des musiciens de la cour de Louis XIII et des maisons princières (1610-1643), Paris, Classiques Garnier, 2021.
 

Ce dictionnaire entend combler le manque d’ouvrages de référence sur les musiciens à la cour de Louis XIII. Il contient six cent cinquante biographies les plus exhaustives possible, dont soixante-quinze de compositeurs. Elles sont structurées par emplois dans les musiques du roi, des reines et des princes. [Read in english]
 

1865 pages – 119 euros  |  Découvrir l'ouvrage →

 


Extrait

« Les reines, à l'imitation du roi, se dotent d'une Musique importante. Anne d'Autriche, femme de Louis XIII, a vu passer dans sa Musique 62 musiciens. De même, la reine mère Marie de Médicis a eu 46 musiciens, malgré ses relations tumultueuses avec son fils et la Fronde. Louis XIII et le cardinal de Richelieu l'exileront définitivement après la journée des dupes en 1630. Nous avons retrouvé un musicien, Bernard de La Varenne, qui a accompagné la reine-mère dans ses différents exils notamment en Angleterre auprès de sa fille la reine et jusqu'à sa mort à Cologne en 1642. Bernard de La Varenne a conservé sa charge auprès de la reine pendant ses séjours à l'étranger. »

Tableau : Le Bal à la cour de Louis XIII de France, Bakalowicz, Wladyslaw
Crédits : alamyimages / collection privée 

Cahiers Voltaire n°20 (2021)
Posted: 15 Jan 2022 - 13:57

Cahiers Voltaire n°20 (2021)
Débat Voltaire et la musique (IV)

 

Raphaëlle Legrand et Rémy-Michel Trotier – Voltaire et les musiciennes

Rémy-Michel Trotier – Vingt-huit musiciennes identifiées dans la correspondance de Voltaire

Raphaëlle Legrand – Chanter Voltaire : les filles d’opéra à Versailles en 1745

Bertrand Porot – Thérèse Boutinon Des Hayes, artiste et intellectuelle, épouse d’Alexandre Le Riche de La Pouplinière, amie de Rameau et de Voltaire

Françoise Masset – Trois contes de Voltaire mis en musique par Claude Arrieu

 

Se procurer les Cahiers Voltaire : https://www.societe-voltaire.org

Montaigne, penser en temps de guerres de Religion (dir. Emiliano Ferrari, Thierry Gontier et Nicola Panichi)
Posted: 15 Jan 2022 - 13:55
L’Atlas Molière (Clara Dealberto et Jules Grandin, Christophe Schuwey)
Posted: 15 Jan 2022 - 13:39

Clara Dealberto et Jules Grandin, Christophe Schuwey, L’Atlas Molière, Paris, Les arènes, 2022.

Une incroyable somme d’informations présentée de manière ludique et accessible à tous.

Avec 150 cartes et infographies, cet atlas est une encyclopédie visuelle sur la vie, l’œuvre et l’époque de Molière. Les auteurs sont allés au-delà de la figure du saltimbanque mélancolique qui s’est imposée dans notre imaginaire collectif. Ils nous font découvrir un Molière entrepreneur de génie, un publicitaire en avance sur son temps, un créateur de spectacles extraordinaires.

En textes et en images, ce livre nous permet de revisiter nos classiques de manière vivante et décomplexée : Les Précieuses ridicules, Tartuffe, Le Misanthrope, L’Avare, Le Bourgeois gentilhomme, Psyché, Les Fourberies de Scapin, Les Femmes savantes ou encore Le Malade imaginaire… Parce qu’un dessin vaut parfois mieux qu’un long discours.

Le plus grand dramaturge français comme vous ne l’avez jamais vu !

Disponible ici.

Pages : 272

Prix : 24,90 €

Format : 160x240

Parution : 13 jan 2022

ISBN : 979-10-375-0591-0

The Long Quarrel. Past and Present in the Eighteenth Century
Posted: 12 Jan 2022 - 18:22

The Long Quarrel - Past and Present in the Eighteenth Century

Series: Brill's Studies in Intellectual History, Volume: 332

Editors: Jacques Bos and Jan Rotmans

The Long Quarrel: Past and Present in the Eighteenth Centuryexamines how the intellectual clashes emerging from the Quarrel of the Ancients and the Moderns continued to reverberate until the end of the eighteenth century. This extended Quarrel was not just about the value of ancient and modern, but about historical thought in a broader sense. The tension between ancient and modern expanded into a more general tension between past and present, which were no longer seen as essentially similar, but as different in nature. Thus, a new kind of historical consciousness came into being in the Long Quarrel of the eighteenth century, which also gave rise to new ideas about knowledge, art, literature and politics. 

Contributors are: Jacques Bos, Anna Cullhed, Håkon Evju, Vera Faßhauer, Andrew Jainchill, Anton M. Matytsin, Iain McDaniel, Larry F. Norman, David D. Reitsam, Jan Rotmans, Friederike Voßkamp, and Christine Zabel.