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Calls for Papers and Contributions

Appel à communications: Le toucher. Prospections médicales, littéraires et artistiques
Posted: Sunday, February 4, 2018 - 20:46

Porto (Portugal), 8-9 octobre 2018

Faisant suite à « Maux écrits, mots vécus. Traitements littéraires de la maladie » et à « Santé et bien-être à l’épreuve de la littérature », nous proposons d’interroger le thème du toucher au croisement de la littérature et des arts et de la médecine, l’appréhender d’un point de vue historique, symbolique et social, dans ses dimensions physique (le kinesthésique) et communicable à autrui (le kinésique). Si la question du toucher a de tous temps interpellé les formes et les pratiques, elle se trouve aujourd'hui avivée dans le cadre d’une société digitale qui reconfigure les notions de rapport, de contact, de sensation, et d’expérience. Prégnant dans les arts vivants conférant au corps une place primordiale, le toucher est également associé à la maîtrise d’une technique biomédicale, clinique et relationnelle, sur laquelle pourrons aussi nous pencher.

Certes, quand on évoque le toucher on pense notamment aux usages de la main dont Focillon a fait l’éloge dans son essai L’Art et les formes. Cependant, le corps en mouvement, soit qu’il s’avance d'un pas affirmé, soit qu’il menace de tomber (cf. les sculptures de Giacometti) se meut dans le monde interagissant avec lui et avec les autres. Vivre c’est bouger, se mouvoir, s’émouvoir. Le corps entier produit des gestes culturellement codés (Jousse, Anthropologie du geste), mais chacun y pose son éthique propre, sa manière singulière d’être au monde (Dessons, 2004).

Les travaux d’André Leroi-Gourhan (Le Geste et la parole, 1965), de Guillemette Bolens (Le Style des gestes, 2008), nous aident à penser la propriété analytique du toucher, qui se retrouve également dans le langage parlé, traduisant l’expérience quotidienne du monde, celui de l’appréhension. On dira en effet « saisir une idée » au sens de la prendre avec soi comme on s’empare d’un objet dans l’espace pour l’examiner sous tous ses angles. Le geste est donc fondamental dans la communication verbale qu’il libère, complète (et parfois contredit) ; il s’avère également fondamental dans les communications non verbales, tout comme dans toute communication interpersonnelle, nous invitant ainsi à distinguer toucher et tact. Certains gestes, certaines expressions faciales, certains silences en disent souvent plus long que les paroles. En ce sens ils font langage comme le dit Meschonnic, et invitent à cette perception « œcuménique » qu’évoque Barthes dans son article sur le théâtre de Baudelaire (Barthes, 1955).

C’est dans ce cadre pluridisciplinaire ouvert et englobant que nous entendons aborder les sens du toucher affectif ou sensible comme exploration du corps et du monde en confrontant des perspectives médicales, littéraires et artistiques.

Les propositions accueillies devront s’inscrire dans un ou plusieurs des axes suivants :

Représentations du toucher au croisement des arts et de la médecine (littérature, peinture, sculpture, cinéma et arts vivants) ; Le toucher en médecine : de la délicatesse à l’invasion violente ; le contact clinique versus les nouvelles imageries et l’idéal du corps transparent ; La part du toucher dans les processus d’objectivation et d’individuation ; Le rôle du toucher dans la communication et dans l’échange.

Organisation : Maria de Jesus Cabral (FLUL /Programa em Humanidades Médicas) Gérard Danou (médecin et essayiste) José Domingues de Almeida (FLUP/ILCML) João da Costa Domingues (FLUC/CLP)

Langue des communications : Français et portugais

Envoi des propositions : Merci d’envoyer le titre de votre proposition, un résumé de 250 mots et une notice bibliographique (100 mots maximum) à l’adresse : rdvcritique10@gmail.com

Calendrier : 15 mai 2018 : date limite pour l’envoi des propositions 15 juin 2018 : notification des participants et consignes d’inscription

Inscription : 100,00 € Elle comprend les pause-café et les deux déjeuners.

Les frais de déplacement et d’hébergement sont à la charge des participants.

Les textes sélectionnés à l’issue du colloque feront l’objet d’une publication, sous condition d’avis favorable du comité de lecture (évaluation en double aveugle).

RESPONSABLE : Rendez-vous de la critique

URL DE Référence http://www.letras.up.pt

Source: Fabula

Appel à contributions La lettre érudite (XVIe-XVIIIe siècles)
Posted: Sunday, February 4, 2018 - 20:34

Arborescences : revue d’études françaises, n° 9/2019

https://www.erudit.org/fr/revues/arbo/

Les lecteurs de correspondances d’Ancien Régime, souvent à la recherche d’informations circonstancielles sur un événement particulier, se retrouvent parfois confrontés à des missives remplies de citations marginales et infrapaginales, ou parsemées d’inscriptions s’attachant à rendre le plus clairement possible le revers d’une médaille récemment découverte. Ces authentiques dissertations qui se greffent au contenu de la lettre, qu’elle soit familière ou non, sont le fait de savants professionnels ou d’amateurs éclairés en relation épistolaire avec d’autres membres de la République des Lettres. Qu’il s’agisse de théologie, de philologie, de numismatique, de voyages, de sciences ou plus simplement de « belles lettres », ces réseaux érudits facilitent et accélèrent la circulation des savoirs et leur diffusion à l’échelle européenne.

Cette dynamique est intimement liée à l’histoire du livre en général, et plus particulièrement au passage de la correspondance érudite d’une circulation exclusivement manuscrite à la publication. En vertu de leur caractère savant et souvent encyclopédique, ces échanges épistolaires sont parfois repris dans des ouvrages imprimés, comme ce fut le cas par exemple, au début des années 1670, de la riche correspondance du disciple de Gassendi, François Bernier, laquelle constitue une partie essentielle de ses Voyages. Avec l’apparition du journalisme savant, la lettre érudite devient un texte destiné à être largement diffusé. Le caractère mitoyen de ces correspondances d’Ancien Régime, situées à la jonction de l’essai imprimé et de la missive manuscrite, mena Françoise Waquet à analyser le passage de la lettre érudite au périodique comme autant de « faux semblants d’une mutation intellectuelle » (Waquet : 1983). Le rôle central que joue la correspondance savante dans les activités de la République des Lettres se trouve dès lors amplifié par l’imprimé. Ces échanges épistolaires deviennent ainsi un puissant agent de cohésion, mais aussi de subversion au sein des différents réseaux. Les polémiques entraînent quant à elles des mutations discursives : malgré les codes de politesse en place érigés en règles d’or par les manuels d’ars dictaminis, le discours épistolaire s’approche de plus en plus de la satire et sert parfois à monter de véritables campagnes pamphlétaires.

Étudier la lettre savante permet en outre de redécouvrir les correspondances d’auteurs prestigieux (Luther-Érasme, Bossuet-Leibniz, etc.), mais aussi d’érudits plus obscurs dont les activités épistolaires ont souvent lieu dans le cadre de mandats précis, soit au sein d’académies de province, soit à titre de journaliste ou d’attaché à une bibliothèque princière. Ces lettres contiennent souvent des illustrations, des formules, des transcriptions d’inscriptions antiques, des textes en grec, en hébreu, en chinois ou en arabe, et mettent ainsi en évidence l’importance du travail éditorial auquel se livrent les auteurs. En même temps, leurs échanges épistolaires acheminent des réflexions souvent en cours d’élaboration et que le lecteur voit évoluer lettre après lettre.

C’est à ces aspects de la correspondance érudite du XVIe au XVIIIe siècle que voudrait se consacrer le neuvième numéro de la revue Arborescences. Qu’il s’agisse d’un corpus littéraire, journalistique, viatique, scientifique ou théologique, nous sollicitons des propositions d’articles originaux qui ouvrent de nouvelles pistes de réflexion sur la dynamique de la circulation des savoirs au sein des échanges épistolaires, sur l’évolution des réseaux érudits de l’Ancien Régime, sur les savoirs véhiculés et les types de discours mobilisés, ainsi que sur les stratégies éditoriales qu’implique le passage à la publication. Nous sommes particulièrement intéressés par des contributions provenant d’éditeurs de correspondances.

Bibliographie choisie

BEAUREPAIRE, Pierre-Yves (éd.), La communication en Europe de l’âge classique au siècle des Lumières, Paris, Belin, 2014.

- (éd.) avec Héloïse HERMANT, Entrer en communication : de l’âge classique aux Lumières, Paris, Classiques Garnier, 2012.

- (éd.) avec Jens HÄSELER et Anthony MCKENNA, Réseaux de correspondance à l’âge classique (XVIe-XVIIIe siècle), Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2006.

- (éd.) La plume et la toile : pouvoirs et réseaux de correspondance dans l’Europe des Lumières, Arras, Presses de l’Université d’Artois, 2002.

BERKVENS-STEVELINCK, Christiane, Hans BOTS et Jens HÄSELER (éd.), Les grands intermédiaires culturels de la République des Lettres. Étude de réseaux de correspondances du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, Champion, 2005.

- (éd.) avec Jeroom VERCRUYSSE, Le métier de journaliste au dix-huitième siècle : correspondance entre Prosper Marchand, Jean Rousset de Missy et Lambert Ignace, Oxford, Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, 1993.

BOTS, Hans et Françoise WAQUET (éd.), Commercium litterarium. La communication dans la République des Lettres. Forms of Communication in the Republic of Letters, 1600-1750. Conférences des colloques tenus à Paris, 1992 et à Nimègue, 1993, Amsterdam-Maarssen, APA-Holland University Press, 1994.

BRIZAY, François (éd.), Les formes de l’échange : communiquer, diffuser, informer de l’Antiquité au XVIIIe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012.

DUNAN-PAGE, Anne et Clotilde PRUNIER (éd.), Debating the faith : religion and letter writing in Great Britain, 1550-1800, Dordrecht ; New York, Springer, 2013.

HOOCK-DEMARLE, Marie-Claire, L’Europe des lettres. Réseaux épistolaires et construction de l’espace européen, Paris, Albin Michel, 2008.

L’Épistolaire au XVIe siècle, Paris, Éditions Rue d’Ulm/Presses de l’ENS, Cahiers V. L. Saulnier, nº 18, 2001.

NELLEN, Henk, « La correspondance savante au XVIIe siècle », XVIIe siècle, n° 178 (1993), pp. 87-98.

NEVEU, Bruno, « Correspondances diplomatiques et informations », XVIIe siècle, n°178 (1993), pp. 45-61.

PASSERON, Irène et al., « La république des sciences. Réseaux des correspondances, des académies et des livres scientifiques. Introduction », Dix-huitième siècle, 2008/1 (n° 40), pp. 5-27.

PEIFFER, Jeanne et Jean-Pierre VITTU, « Les journaux savants, formes de la communication et agents de la construction des savoirs (XVIIe-XVIIIe siècle) », Dix-huitième siècle, 2008/1 (n° 40), pp. 281-300.

SCHAPIRA, Nicolas, Un professionnel des lettres au XVIIe siècle. Valentin Conrart : une histoire sociale, Seyssel, Champ Vallon, 2003.

WAQUET, Françoise, « De la lettre érudite au périodique savant : les faux semblants d’une mutation intellectuelle », XVIIe siècle, 35 (1983), pp. 347-359.

Envoi des propositions Merci d’adresser vos propositions d’articles (250 mots) avant le 15 mars 2018 conjointement à : Sébastien Drouin : sdrouin@utsc.utoronto.ca Camelia Sararu : camelia.sararu@mail.utoronto.ca

Veuillez joindre à votre proposition une courte notice bio-bibliographique. Les auteurs dont les propositions auront été acceptées seront invités à soumettre leurs textes complets (entre 35 000 et 80 000 signes) au comité de rédaction avant le 1er septembre 2018.

Responsables Sébastien Drouin (Université de Toronto) Camelia Sararu (Université de Toronto)

URL DE RÉFÉRENCEhttps://www.erudit.org/fr/revues/arbo/

Appel à contributions: Atlante n°10, "Représenter l’histoire dans la littérature et les arts"
Posted: Sunday, February 4, 2018 - 20:24

Organisé par le Centre d’Études en Civilisations, Langues et Littératures Étrangères (CECILLE - EA 4074) – Université Lille 3 – Sciences Humaines et Sociales

Coordination du numéro : Jean-Philippe Bareil et Michele Carini

PRESENTATION "Sans vivre ni ressentir le rapport au présent, représenter l’histoire est impossible." G. Lukács, Le roman historique Dans la Lettre à M. Chauvet, publiée en 1823, Alessandro Manzoni justifie les choix littéraires qui l’ont guidé dans la rédaction du drame historique Le comte de Carmagnole. Dépassant les contraintes des règles des unités aristotéliciennes , il développe une ample réflexion esthétique qui le conduira à l’idéation et à la rédaction de son roman historique Les Fiancés (1821-40). Si la vie intérieure de l’individu protagoniste d’événements historiques est «passé[e] sous silence par l’histoire» et constitue le «domaine de la poésie», l’écrivain ne doit pas contredire la «vérité matérielle» des faits parce qu’elle dévoile «au plus haut degré le caractère de vérité poétique que l’on cherche dans la tragédie» (Lettre).

Dans ses tragédies, en effet, Manzoni offre au lecteur des outils paratextuels qui lui permettent de situer les événements dans le contexte historique ainsi que d’apprécier la marge d’intervention de l’auteur. Dans Les Fiancés la nécessité de fonder la vraisemblance historique du discours romanesque – où l’on retrouve des personnages réels et fictifs – est confiée, par exemple, à des digressions intégrées dans le texte. Partant de la réflexion et l’œuvre manzoniennes, ce numéro d’Atlante souhaite revenir sur des notions fondamentales de la théorie littéraire et esthétique : dans quelle mesure un sujet historique peut-il être objet d’une narration ? La représentation de l’histoire est-elle plus objective que la narration ? Peut-on mélanger ces deux niveaux du discours ? L’objectivité du discours représentant l’histoire est-elle possible ? Est-elle souhaitable ?

À travers une vérification de la persistante pertinence d’oppositions comme Histoire/histoire ou historien/narrateur, nous voulons aussi réfléchir sur la place du lecteur et du public dans ce processus : ont-ils un rôle actif dans l’interprétation du fait historique ? Quelle est la responsabilité de l’auteur envers eux ? Dans Le roman historique (1938), Lukács explique comment, après la Révolution française, le rapport avec l’histoire devient plastique : à côté du roman historique classique (Walter Scott, Manzoni) existe un roman historique contemporain (Balzac, Tolstoï) qui veut analyser le fonctionnement de l’histoire. On peut donc retrouver dans la littérature et dans les arts un rapport strict avec les sciences sociales et notamment avec l’historiographie : cela implique qu’on s’interroge sur les revendications de la valeur épistémologique de la perspective artistique. Peut-on encore affirmer aujourd’hui que « la littérature semble être le seul système cohérent de signes par lequel l’histoire peut être saisie comme réalité matérielle » (Enzensberger 1966) ?

Récemment l’historien Ivan Jablonka a publié, sous le titre L’histoire est une littérature contemporaine (2014), un Manifeste pour les sciences sociales qui problématise et développe cette suggestion : la médiation de la création littéraire est donc censée produire un savoir historique. Mais un acte de représentation, dans le domaine artistique, implique – voire sollicite – une auctorialité : comment thématise-t-on l’histoire ? L’histoire comme progrès ou comme résultat des rapports de force ? Peut-on représenter l’absence de rationalité dans le devenir historique ? Peut-on représenter après les horreurs de l’histoire ?

Au XXème siècle le roman peut devenir anti-historique, mais néoréaliste aussi, parce que dans les moments de crises, l’histoire peut être considérée comme un espace possible de réalisation humaine : représenter l’histoire, donc, comme forme de résistance à l’Histoire, ou représenter l’histoire pour représenter une autre histoire – celle des minorités ou des persécutés ou encore de ceux qui n’ont pas la parole. À côté, par ailleurs, de ce type de production artistique, l’histoire peut être tout simplement un dispositif exotique permettant à l’auteur d’évoquer un passé qui séduise le public sans le pousser véritablement à une pensée critique autour de cette notion.

CONTRIBUTIONS Ce numéro d’Atlante accueillera des articles se proposant d’aborder ces notions dans cette perspective ou offrant de nouvelles approches, ainsi que des analyses spécifiques d’ouvrages littéraires et artistiques dans le domaine des cultures romanes.

Les propositions (en espagnol, français, italien ou portugais), d’environ 2000 signes (espaces compris), sont à envoyer avant le 1er mars 2018 à l’adresse suivante : atlante.histoire@gmail.com. Les coordinateurs du numéro communiqueront leur réponse fin mars et les articles, qui feront objet d’une double relecture à l’aveugle, seront à rendre avant le 15 mai 2018. Plus d'informations.

RESPONSABLE : Michele Carini https://cecille.univ-lille.fr/publications/revues/atlante/

Appel à contribution : Histoire et philosophie des processus de création dans les arts du spectacle (XVe-XXIe siècle)
Posted: Saturday, February 3, 2018 - 00:24

Publication : 2019

Dans son article sur la gestation du spectacle, Florent Siaud évoque « les terres obscures de la création », « ces espaces indistincts où les mots partent fébrilement à la rencontre des acteurs sans immédiatement trouver les sentiers de l’évidence »[1].La création est intimement liée, selon lui, à l’idée de chaos car les sens se superposent, se « déjouent », voire « s’annulent », mais également de tâtonnements avec ses « abandons », ses « retours en arrière » et ses « surgissements inopinés »[2]. Les termes « laboratoire », « atelier »[3], « fabrique »[4], « work in progress »[5] sont souvent utilisés pour traduire cette germination et cette mise en forme quelquefois imprédictibles, dans la mesure où existe une part d’inconnu dans le processus de création qui peut amener à des découvertes comme le rappelle Josette Féral[6]. Celui-ci fait aussi référence à l’idée d’improvisation ou d’expérimentation en ce qu’il semble impossible de savoir et même de prévoir entièrement ce à quoi aboutira la représentation ou l’œuvre théâtrale finale.

Le processus de création ressortit à un travail collectif d’accompagnement de cette construction de l’œuvre, à une maïeutique pour être plus précis, qui s’inscrit dans une durée et une matérialité. Sophie Proust parle ainsi de « rythmes de travail » et d’un « processus organique »[7], laissant entendre que les processus de création sont intrinsèquement liés à une dynamique particulière entre les différents intervenants mais aussi à un mouvement qui a son propre temps et espace. Josette Féral, évoque quant à elle les traces matérielles des processus de création, souvent éclectiques[8], trop peu explorés dans les années 2000[9] mais qui font progressivement l’objet d’études, notamment les relevés de mise en scène et les manuscrits de souffleur[10]. Les chercheurs se sont souvent attachés ces dernières années à la période contemporaine en matière de génétique théâtrale[11].

En quoi les traces matérielles, techniques, ou visuelles de cette création en développement ont-elles varié au fil du temps ? Peut-on reconstituer, grâce à elles, une histoire et une philosophie de la création dans les arts de la scène ? Par ailleurs, quand commence-t-on à penser et théoriser la création scénique (que le processus de création soit relatif à l’auteur, à l’acteur ou au travail collectif ou individuel de mise en scène), c’est-à-dire l’acte même de créer et non juste « reproduire » ou « imiter » ? Peut-on voir par exemple de façon concrète, c’est-à-dire à partir de documents d’archives ou de témoignages relatifs à l’écriture, aux répétitions, ou à l’organisation des salles de spectacles (et indépendamment des poétiques rigides publiées à l’âge classique qui donnent une vision imparfaite de la création scénique et ne reflètent que partiellement sa réalité), comment la création s’articule à un contexte social, économique ou culturel et se voit influencée ou contrôlée par ce dernier ? La création peut-elle être mécanique et quels sont ses conditionnements ? Ne relève-t-elle que d’une culture, de l’environnement socio-économique voire de techniques ? Est-elle plutôt liée à une personnalité et un vécu, ou à des qualités individuelles comme la capacité à imaginer ou la sensibilité par exemple ?

Ainsi, dans La philosophie de l’Acteur[12], Sabine Chaouche évoquait  l’émergence, non pas seulement d’une théorie mais aussi d’une philosophie de la création dans les arts de la scène sous l’Ancien Régime, soulignant l’importance de nouvelles notions comme le jeu intervallaire ou le jeu impulsif né d’un certain abandon de l’acteur sur scène, et les débats relatifs au beau et au sublime dans l’art théâtral. Comment a été pensé le processus de création, le vivant, ce qui est par essence éphémère et qui ne peut être dupliqué si facilement au fil du temps ? Quels sont les grands courants de pensée, les philosophies ou les écoles ?

Ce volume entend faire dialoguer le passé et le présent afin de tenter de reconstituer une histoire des théories et de la philosophie de la création scénique. Il s’attachera donc aux processus de création dans les arts du spectacle, en particulier au théâtre, du XVe siècle au XXIe siècle.

Le numéro abordera les points suivants :

•                      Les conditions de la création à une période donnée ou au fil de siècles et l’impact de facteurs sociaux, économiques ou culturels sur le travail de création

•                      Collaboration et œuvre en construction/déconstruction 

•                      Les étapes et rythmes de la création, la génétique du spectacle (écriture, répétitions, représentation) et l’expérimentation

•                      Le travail éditorial visant à transformer le texte à partir de la représentation ou du spectacle

•                      Traduction et (re)création

•                      Les spectateurs dans le processus de création

•                      Le corps, le mouvement et le récit (storytelling) dans la création d’un spectacle

•                      Les traces des processus de création et leur utilisation scénique (par exemple pour des reprises)

•                      Les politiques culturelles ayant favorisé, guidé ou gêné le travail de création

•                      Les grandes théories ou philosophies liées au travail de création

•                      L’imaginaire de la création, les facultés créatrices

•                      Pratique théâtrale contemporaine et « recherche-création »

           

Les propositions (250 à 400 mots) accompagnées d’une biobibliographie de quelques lignes sont à envoyer pour le 10 mars 2018 (réponse fin mars).

Remise des articles : 15 décembre 2018.

Longueur des articles : 30 000 à 40 000 signes max.

Les propositions sont à envoyer à edpsjournal@gmail.com
 
 

[1] Florian Siaud, « De ce qui naît en premier à Ce qui meurt en dernier », Jeu : revue de théâtre, n° 136, 3, 2010, p. 68-69.

[2] F. Siaud, art. cit., p. 74.

[3] Voir les récents travaux de Julia De Gasquet sur la notion d’atelier.

[4] Voir par exemple le portail numérique « La fabrique du spectacle » dirigé par de Sophie Lucet (<http://www.fabrique-du-spectacle.fr/>) et un ouvrage comme La Fabrique du théâtre. Avant la mise en scène (1650-1880), Pierre Frantz et Mara Fazio (dir.), Paris, Desjonquères, 2010.

[5] Josette Féral, « Introduction: Towards a Genetic Study of Performance-Take 2 » dans ‘“Genetics of Performance”, Theatre Research International, n33, 3, oct. 2008, p. 224.

[6] J. Féral, art. cit., p. 223.

[7] Sophie Proust, « Les processus de création de quelques metteurs en scène new-yorkais », Jeu : revue de théâtre, n° 136, 3, 2010, p. 84.

[8] J. Féral distingue les brouillons textuels des brouillons visuels et scéniques (notes du metteur en scène et des répétitions, vidéos, images numériques, bandes sonores) (art. cit., p. 223-233).

[9] J. Féral, art. cit., p. 224.

[10] Voir Jean-Marie Thomasseau, « Les Manuscrits de la mise en scène », L’Annuaire théâtral, printemps 2001, 29, p. 101-122 et « Les Manuscrits de théâtre. Essai de typologie », Littératures, n°138, 2005, p. 79-118. Les manuscrits de la période XVIIe-XIXe siècle  ont été abordés par Sabine Chaouche, La Mise en scène du répertoire à la Comédie-Française, 1680-1815, Paris, Honoré Champion, 2013 (en particulier la deuxième partie), Relevés de mise en scène (1683-1826), Paris, Honoré Champion, 2015. Les manuscrits de souffleur permettent de mieux comprendre les palimpsestes des mises en scène et le travail de collaboration, la manière dont les spectateurs influençaient le devenir d’un texte. On se reportera à l’article de Roxane Martin, à paraître : « Horace à l’épreuve des révolutions : les remaniements du texte et l’édification d’un Corneille patriote (1789-1848) », dans Appropriations de Corneille, M. Dufour Maître (dir.), Rouen, PUR. On trouvera des articles qui abordent la question comme ceux de Jacqueline Razgonnikoff, « Copistes et secrétaires-souffleurs à la Comédie-Française au XVIIIsiècle, de Saint-Georges à Delaporte », John Golder et John Dunkley (dir.), Journal for Eighteenth-Century Studies, 32, n°4, déc. 2009, p. 549-562 ; Martial Poirson, « Le plateau à l’œuvre : du manuscrit de souffleur au relevé de mise en scène (XVIIe-XXIe siècles) » dans « Mémoires de l’éphémère »,Revue d’Histoire du Théâtre, 2008-1, p. 5-12 et « “Souffler n’est pas jouer” : Pratiques et représentations du copiste-souffleur (1680-1850) », dans La Fabrique du théâtreop. cit., p. 51-69 ; Sabine Chaouche, « Les enjeux des reprises à la Comédie-Française : les palimpsestes du texte théâtral au XVIIIe siècle », Studi Francesi, "Testiinediti e documentirari", 168, III, 2012, 465-476 et « Mise en scène et placements au XVIIIe et au début du XIXe siècle », The Frenchmag, février 2016 (<https://www.thefrenchmag.com/Mise-en-scene-et-placements-au-XVIIIe-et-au-debut-du-XIXe-siecle-Par-Sabine-Chaouche_a1049.html>).

[11] Shommit Mitter, Systems of Rehearsal: Stanislavky, Brecht, Grotowski and Brook, Londres, Routledge, 1992 ; Susan Letzercole, Directors in Rehearsal: A Hidden World, Londres, Routledge, 1992 ; G. Banu, éd., Les Répétitions: Un Siècle de mise en scène. De Stanislavski à Bob Wilson, Bruxelles, Alternatives théâtrales, 1997 ; Almuth Grésillon, « De l'écriture du texte de théâtre à la mise en scène », Cahiers de praxématique, n° 26, 1996, p. 71-94 ; Almuth Grésillon et Jean-Marie Thomasseau, « Scènes de genèses théâtrales », Revue internationale de critique génétique, 26, 2006, p. 19-34 ; Sophie Proust, La Direction d’acteurs dans la mise en scène théâtrale contemporaine, Vic la Gardiole, L’Entretemps, 2006 et « Written Documents of the Assistant Director: A Record of Remaking », Theatre Research International, 33, n°3, 2008, p. 289-306 ; Jean-Marie Thomasseau, « Towards a Genetic Understanding of Non-contemporary Theatre: Traces, Objects, Methods », Theatre Research International, 33, n°3, 2008, p. 234-249 ; Gay McAuley, « Not Magic but Work: Rehearsal and the Production of Meaning », Theatre Research International, 33, n°3, 2008, p. 276-288 et Not Magic But Work: an Ethnographic Account of a Rehearsal Process, Manchester, University of Manchester Press, 2012. 

[12] La philosophie de l’Acteur, La dialectique de l’intérieur et de l’extérieur dans les écrits sur l’art théâtral, 1738-1801, Paris, Honoré Champion, 2007.

 

Appel à communications: Le théâtre, lieu d'affrontement politique et social, du Cid à Hernani
Posted: Saturday, February 3, 2018 - 00:22

New Publications

La Science des mœurs au siècle des Lumières Conception et expérimentations (dir. Bréban (Laurie), Denieul (Séverine), Sultan-Villet (Élise))
Posted: 29 Nov 2021 - 12:28

La Science des mœurs au siècle des Lumières Conception et expérimentations, dir. Laurie Bréban, Séverine Denieul et Élise Sultan-Villet, Paris, Classiques Garnier, 2021.

La « science des mœurs » entreprend d’étudier l’homme en passant par l’observation et l’expérience. Au xviiie siècle, elle se propose d’appliquer une méthode nouvelle à un objet jusqu’alors réservé aux métaphysiciens ou aux moralistes. Or, une telle proposition ne va pas sans poser problème.

 

Disponible en ligne et sur le site de l'éditeur.

Nombre de pages: 367

Parution: 06/10/2021

Collection: Rencontres, n° 518

Série: Le dix-huitième siècle, n° 37

ISBN: 978-2-406-11900-5

ISSN: 2103-5636

L’Ennui du spectateur Thermique du théâtre (1716-1788) (Charline Granger)
Posted: 29 Nov 2021 - 12:23

Charline Granger,  L’Ennui du spectateur Thermique du théâtre (1716-1788), Paris, Classiques Garnier, 2021.

Prix de la Chancellerie des universités de Paris 2021

Le spectateur de théâtre s’ennuyait-il au xviiie siècle ? La mise en lumière d’une thermique du théâtre, fondée sur un lexique du chaud et du froid alors en vogue pour décrire la réception et adaptée des théories scientifiques du temps, renouvelle notre regard sur le texte, le jeu et le public.

 

Disponible en librairie et sur le site de l'éditeur.

Nombre de pages: 947

Parution: 20/10/2021

Collection: Études sur le théâtre et les arts de la scène, n° 20

ISBN: 978-2-406-11916-6

ISSN: 2273-3884

Antoine Baudry de Saint-Gilles d'Asson, Journal d'un Solitaire de Port-Royal 1655-1656 (éd. Pol Ernst et Jean Lesaulnier)
Posted: 29 Nov 2021 - 12:20

Antoine Baudry de Saint-Gilles d'Asson, Journal d'un Solitaire de Port-Royal 1655-1656, éd. Pol Ernst et Jean Lesaulnier, Paris, Classiques Garnier, 2021.

Témoin capital des années 1655-1656, le Journal de M. de Saint-Gilles constitue l’une des pièces maîtresses de la collection des écrits historiques de Port-Royal. Œuvre d’un gentilhomme du Poitou, il fournit sur les Provinciales et les publications contemporaines une documentation irremplaçable.

Journal d'un Solitaire de Port-Royal
(Extrait de l'Introduction)

“ Tout au long de ce Journal, écrit à chaud, au jour le jour, sont relatés les épisodes, divers et semblables néanmoins, d'une lutte fratricide ponctuée par les attaques les plus violentes, les plus féroces, les plus basses aussi et les plus tortueuses : Saint­ Gilles ne se prive pas de dévoiler « les malicieuses fictions » contre M. Arnauld dont les jésuites, depuis douze ans déjà, n'ont pas encore accepté la Fréquente Communion. En 1655 et 1656, cette guerre reprend de plus belle, s'envenime encore davantage jusqu'à se transformer en persécution impitoyable, où les jésuites prennent une grande part.

Saint-Gilles le dit sans ambages : « Ces bons Pères font tous leurs efforts depuis douze ans pour perdre, c'est-à-dire pour exiler et même punir, emprisonner et faire encore pis, s'ils pouvaient, à M. Arnauld et à tout Port-Royal des Champs et de la Ville, qu'ils décrient et par leurs libelles et dans toutes les compagnies, surtout à la Cour et dans l'esprit de la reine, comme des hérétiques bien plus à craindre que Luther et Calvin, comme des gens factieux qui conspirent contre l'État et qu'il faut par conséquent exterminer au plus tôt. » ”

Disponible en librairie et sur le site de l'éditeur.

Nombre de pages: 395

Parution: 20/10/2021

Réimpression de l’édition de: 2008

Collection: Univers Port-Royal, n° 11

ISBN: 978-2-406-11334-8

ISSN: 1636-7332

Image : Vue de l'Abbaye de Port-Royal du côté du Septentrion
(Gravure du XVIIIᵉ siècle, d'après Madeleine Horthemels)

Teofilo Folengo en France à la Renaissance « Entendons ce que dict Merlin Cocagne » (Carole Primot)
Posted: 29 Nov 2021 - 12:15

Carole Primot, Teofilo Folengo en France à la Renaissance « Entendons ce que dict Merlin Cocagne », Paris, Classiques Garnier, 2021.

Du corpus des textes macaroniques français à la traduction anonyme du Baldus, l’Histoire macaronique, en passant par le poète Bérenger de la Tour ou des recueils de facéties, cet ouvrage explore des lectures qui permettent de saisir la diversité de la réception des Macaronées de Teofilo Folengo.

Disponible en librairie et sur le site de l'éditeur.

Nombre de pages: 293

Parution: 20/10/2021

Collection: Études et essais sur la Renaissance, n° 126

ISBN: 978-2-406-12177-0

ISSN: 2105-8814

Le Domaine de Port-Royal Histoire documentaire 1669-1710 (F. Ellen Weaver)
Posted: 29 Nov 2021 - 12:12

F. Ellen Weaver, Le Domaine de Port-Royal Histoire documentaire 1669-1710, Paris, Classiques Garnier, 2021.

L’objet de cet ouvrage est de présenter une histoire documentaire du temporel de l’abbaye de Port-Royal entre 1669 et 1710, à partir des déclarations et biens des deux monastères de Paris et des Champs, tels qu’ils figurent dans le minutier central des Archives nationales.

Disponible en ligne et sur le site de l'éditeur.

Nombre de pages: 338

Parution: 20/10/2021

Réimpression de l’édition de: 2009

Collection: Univers Port-Royal, n° 15

ISBN: 978-2-406-12303-3

ISSN: 1636-7332