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Calls for Papers and Contributions

Appel à contributions pour un prochain numéro de Fabula-LhT, (Trans-)historicité de la littérature
Posted: Wednesday, November 14, 2018 - 12:54

Le terme de « littérature » doit être historicisé, nous le savons bien : son apparition et ses usages, la production, la réception et la transmission des textes dits « littéraires », sont liés à des institutions, marqués par des représentations, qui ont toutes une histoire ; plus récemment, les émotions elles-mêmes se sont vues relativisées par leur inscription dans une temporalité faite de césures et de continuités.

Largement partagée, la conviction selon laquelle on ne peut soustraire l’objet « littérature » à ses déterminations et appartenances sociales se trouve pourtant fragilisée dans toutes les situations concrètes d’enseignement où la littérature est constituée en objet de savoir : de fait, certaines œuvres traversent mieux les siècles que d’autres ; de fait, le jugement de valeur ne peut être réservé aux lecteurs amateurs ; de fait, le récit que tout commentaire critique ébauche ou parachève se construit à partir de questions, si ce n’est de valeurs, en partie anachroniques. Et l’anachronisme n’est pas toujours là où l’on croit…

Les histoires et les théories littéraires que nous pratiquons s’appuient souvent sur la contestation de « régimes d’historicité » ou de transhistoricité antérieurs, mais cette critique ne nous décharge pas de la question du temps : il faut tenter de dire, positivement, le « régime de (trans-)historicité » que présupposent ou construisent nos manières de lire et de faire lire – déclarer le rapport au passé et à l’avenir qui se trouve ainsi promu. Les efforts que nous faisons, nous « littéraires », pour un partage actuel des textes du passé (ou pour un partage futur des textes du présent), impliquent une forme d’engagement sur ces questions-là, engagement motivé par des considérations pédagogiques, épistémiques, éthico-politiques. Comment dans nos travaux articulons-nous passé, présent et avenir de la littérature et de ses effets ? Comment pensons-nous le temps de la littérature et à quelles fins ? En quoi les objets (osons dire : les textes) que nous commentons et enseignons sont-ils partageables transhistoriquement ? Quel « régime de (trans-)historicité[1] » les différentes approches critiques illustrent ou favorisent-elle ?

Certains « régimes d’historicité » sont bien connus mais méritent d’être encore débattus, que leurs mots-clés soient combattus ou revendiqués dans les études littéraires actuelles. Du côté des Anciens : le modèle dit « lansonien » de l’histoire téléologique, avec ses « précurseurs », ses « héritiers » et ses « retardataires », peut-il être définitivement écarté de nos commentaires littéraires ? Si l’on ne parle plus des « attardés » ni des « égarés », qui n’a jamais employé devant une classe des verbes tels qu’« annoncer », « anticiper » ou « préfigurer » ? La croyance même en l’éternité et l’universalité d’une nature humaine a-t-elle véritablement disparu du discours critique ou pédagogique ? Cette transhistoricité-là ne va plus de soi, mais qu’avons-nous perdu avec elle ?

Sur quel autre fondement assurer la transmission des textes passés ? Du côté des Modernes, la perspective relativiste défendue par la sociologie historique, la réduction de l’histoire lansonienne et de l’anthropologie littéraire universaliste à de pures constructions mythologiques et classico-nationalistes, ne repose-elle pas, à son tour, sur une conception téléologique de la temporalité[2] ? Pour la contrecarrer, un réservoir de motifs : « trace », « survivance », « résonance », « pli », « spirale », « feuilletage », etc. Les concepts, souvent métaphoriques, qui se sont multipliés ces dernières années sous la plume des historiens, historiens de l’art et philosophes de l’histoire, peuvent-ils nous aider à penser le temps de la littérature ? Suffisent-ils ? Quel régime de (trans-)historicité devrait-on privilégier dans le commentaire critique et le partage pédagogique des textes ?

On souhaiterait, plutôt que de lister les déclinaisons thématiques ou disciplinaires d’une telle problématique, proposer, de manière résolument spéculative, trois lieux d’interrogation à partir desquels elle semble devoir se déployer. Comme on peut le constater, la discussion épistémologique est largement contournée au profit d’une exploration des présupposés théoriques à l’œuvre dans la constitution de l’objet « littérature », dans les commentaires « littéraires » des textes et de leurs effets. 

Le(s) régime(s) d’historicité du discours critique et de ses catégories : nous l’avons évoqué plus haut, chaque discours critique présuppose un choix sur l’historicité de la littérature, et de là, la défense d’un type privilégié de partage. Ce choix et ses déterminations (pédagogiques, épistémiques, éthico-politiques) peuvent-ils être formulés ? Le discours critique littéraire présuppose-t-il un seul type d’historicité ou plusieurs ? Quelles sont les figures susceptibles d’en formuler l’éventuelle spécificité (récit ou contre-récit, tableau, bibliothèque intérieure, plis ou feuilletages de la mémoire, etc.) ? Certaines notions théoriques impliquent de toute évidence un régime particulier de (trans-)historicité (la figura d’Auerbach, les pathos formels de Warburg, etc.) ? Mais qu’en est-il de nos termes critiques les plus habituels, les plus scolaires ? Si des catégories comme le « classicisme » ou la « modernité » ont été remises en question pour les régimes d’historicité qu’elles favorisaient, d’autres outils (poétiques, génétiques, stylistiques, narratologiques), moins immédiatement soupçonnés, méritent peut-être d’être considérés au prisme de la pensée du temps qu’ils véhiculent.

Le régime d’historicité de l’objet « littérature » : indépendamment du régime d’historicité donné par le commentaire, l’objet « littérature » a-t-il un régime d’historicité propre, qui serait singulier par rapport à d’autres objets culturels ? Ce régime a-t-il pu varier selon les époques ou les genres ? (Autrement dit : quelle est l’historicité de l’historicité de la littérature ?) La littérature met-elle en jeu un élément – affect, émotion, sentiment, trace, trauma, voix, valeur, etc. – qui déterminerait un régime spécifique de (trans-)historicité ? Ou revient-il au commentaire de le présupposer ?

Rapport entre le régime d’historicité du discours critique et celui de ses objets : soient donc, d’une part, le régime d’historicité du commentaire et, d’autre part, celui de son objet. Comment formuler leur articulation : discordance ou relance ? Y a-t-il un enjeu (pédagogique, épistémique, éthico-politique) à interrompre dans le commentaire le régime d’historicité de certains textes littéraires ? Ou, à l’inverse, à en préserver la singularité ? En quoi ce rapport littéraire entre les régimes d’historicité se distingue-t-il de celui qui relie le commentaire historien à son objet ?

Les propositions, de vingt à trente lignes environ, devront être adressées avant le 15 décembre 2018 aux adresses suivantes : romain.bionda@fabula.org et jeannelle@fabula.org. Elles seront évaluées de manière anonyme, conformément aux usages de la revue. La version définitive des textes sélectionnés sera à remettre au plus tard le 15 avril 2018. Une ou des tables rondes pourront réunir les participants après la publication du numéro. Les personnes intéressées sont invitées à prendre contact avec les directeurs du numéro : Lise Forment et Brice Tabeling en écrivant à : lise.forment@univ-pau.fr

Éléments de bibliographie

Anachronies : textes anciens et théories modernes, dans Atelier de théorie littéraire, Fabula, en ligne, 2011-2014 : http://www.fabula.org/atelier.php?Anachronies.

Essais. Revue interdisciplinaire d’Humanités, Hors-série n° 1, L’Estrangement : retour sur un thème de Carlo Ginzburg, dir. Sandi Landro, en ligne, 2013 : http://www.u-bordeaux-montaigne.fr/fr/ecole-doctorale/la-revue-essais/les-numeros-de-la-revue.html.

BLUMENBERG Hans, La Légitimité des temps modernes, trad. M. Sagnol, J.-L. Schlegel et D. Trierweiler, collab. M. Dautrey, Paris, Gallimard, 1999.

—, Préfigurations. Quand le mythe fait l’histoire, trad. J.-L. Schlegel, Paris, Seuil, 2016.

BOUCHERON Patrick, L’Entretemps : conversations sur l’histoire, Paris, Verdier, 2012.

Ce que peut l’histoire [Leçon inaugurale au Collège de France], Paris, Fayard et Collège de France, 2016.

CAMPOS Lucie, COQUIO Catherine et KOVRIGUINA Assia (dir.), Littérature et histoire en débats, dans Fabula/Les colloques, en ligne, 2012 : http://www.fabula.org/colloques/sommaire2076.php.

CITTON Yves, Lire, interpréter, actualiser. Pourquoi les études littéraires ?, Paris, Amsterdam, 2007.

DEBAENE et alii (dir.), L’Histoire littéraire des écrivains, Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, coll. « Lettres françaises », 2013.

DIDI-HUBERMAN Georges, Devant le temps. Histoire de l’art et anachronisme des images, Paris, Minuit, coll. « Critique », 2000.

—, L’Image survivante : histoire de l’art et temps des fantômes selon Aby Warburg, Paris, Minuit, coll. « Paradoxe », 2002.

DUBREUIL Laurent, L'État critique de la littérature, Paris, Hermann, coll. « Savoir Lettres », 2009.

FORMENT Lise, NANCY Sarah, RÉGENT-SUSINI Anne et TABELING Brice, « Early modern (or not ?). Une réponse à Mitchell Greenberg », dans Intensités, Transitions, en ligne, 2014 : http://www.mouvement-transitions.fr/index.php/intensites/transition/sommaire-general-de-transition/488-intensites-early-modern-or-not

GINZBURG Carlo, « Traces. Racines d’un paradigme indiciaire », Mythes, emblèmes, traces. Morphologie et histoire, Lagrasse, Verdier, 2010, p. 218-294.

GUIDÉE Raphaëlle, « Anachronisme des œuvres d'art et temps de la littérature (ou comment l’histoire de l'art vint au secours de l’histoire littéraire) », dans Fabula-LhT, n° 8, Le Partage des disciplines, dir. Nathalie Kremer, en ligne, 2011 : http://www.fabula.org/lht/8/guidee.html.

HARTOG François, Régimes d’historicité. Présentisme et expérience du temps, Seuil, 2003.

—, Anciens, modernes, sauvages, Paris, Galaade, 2005.

JOUHAUD Christian, Sauver le Grand Siècle. Présence et transmission du passé, Paris, Seuil, 2007.

KOSELLECK Reinhart, Le Futur passé. Contribution à la sémantique des temps historiques, trad. Jochen et Marie-Claire Hoock, Paris, École des hautes études en sciences sociales, 1990.

—, L’Expérience de l’histoire, éd. Michael Werner, trad. Alexandre Escudier (dir.), Paris, Hautes Études-Gallimard et Seuil, 1997.

LORAUX Nicole, « Éloge de l’anachronisme en histoire », dans Le Genre humain, n° 27, L’Ancien et le Nouveau, Seuil, 1993, p. 23-39 ; repris dans id., La Tragédie d'Athènes. La politique entre l’ombre et l’utopie, Paris, Seuil, coll. « La Librairie du xxie siècle », 2005, p. 173-190.

LYON-CAEN Judith et RIBARD Dinah, L’Historien et la littérature, Paris, La Découverte, coll. « Repères », 2010.

MERLIN-KAJMAN Hélène, « Liens anachroniques », Lire dans la gueule du loup. Une zone à défendre, la littérature, Paris, Gallimard, coll. « NRF essais », 2016, p. 199-221.

—, « Classicisme : éloge intempestif », dans Œuvres & Critiques, vol. 41, n° 1, Revaloriser le classicisme, dir. Rainer Zaiser, 2016, p. 43-58.

MILO Daniel S., Trahir le temps (Histoire), Paris, Les Belles Lettres, 1991.

NEEFS Jacques (dir.), Le Temps des œuvres. Mémoire et préfiguration, Paris, PU Vincennes, coll. « Culture et société », 2001.

RANCIÈRE Jacques, « Le concept d’anachronisme et la vérité de l’historien », dans L’Inactuel, n° 6, Calmann-Lévy, automne 1996, p. 53-68.

—, Le Partage du sensible. Esthétique et politique, Paris, La Fabrique, 2000.

SCHLANGER Judith, La Mémoire des œuvres (1992), Paris, Verdier, 2008.

VELAZQUEZ Sonia, « La littérature comme objet de reconnaissance : réflexions sur la transhistoricité de l’objet poétique », dans Intensités, Transitions, en ligne, 2013 : http://www.mouvement-transitions.fr/index.php/intensites/transition/sommaire-general-de-transition/492-intensites-la-litterature-comme-objet-de-reconnaissance.

VIALA Alain, « Barthes, Blanchot, Lanson : de l’origine de certaines gênes théoriques pour l’histoire littéraire », dans Texte. Revue de critique et de théorie littéraire,  n° 12, Texte et histoire littéraire, 1992, p. 5-15 ; également disponible en ligne : http://french.chass.utoronto.ca/unsorted/litera/Revue_Texte/Viala.pdf.

—, « Qu’est-ce qu’un classique ? », dans Littératures classiques, n° 19, Qu’est-ce qu’un classique ?, dir. id., 1993, p. 11-31.

YILMAZ Levent, Le Temps moderne : variations sur les Anciens et les contemporains, Paris, Gallimard, 2004.

 

[1] Nous empruntons et déplaçons quelque peu l’expression de François Hartog, dont l’usage s’est largement répandu dans les études littéraires.

[2] C’est l’hypothèse d’Hélène Merlin-Kajman dans « Classicisme : éloge intempestif », dans Œuvres & Critiques, vol. 41, n° 1, Revaloriser le classicisme, dir. Rainer Zaiser, 2016, p. 43-58.

Journée d'Étude Jeunes Chercheurs : Sur les traces du voyageur-écrivain
Posted: Thursday, October 25, 2018 - 12:56

Journée d'Étude Jeunes Chercheurs Lettres / Histoire / Sciences humaines

« Sur les traces du voyageur-écrivain : témoignages croisés d'une histoire »

Université Littoral Côte d'Opale, Boulogne-sur-Mer, Centre universitaire du Musée

Mercredi 20 mars 2019

Unité de Recherche sur l'Histoire, les Langues, les Littératures et l'Interculturel (UR H.L.L.I. EA 4030)

 

Argumentaire

Cette Journée d'Étude s'inscrit dans la continuité des manifestations scientifiques de l'UR H.L.L.I. sur la thématique des récits de voyage, genre qui se situe aux confins de la littérature, de l'histoire, de l'anthropologie et de bien d'autres disciplines. Elle proposera de réfléchir sur l'écriture du voyage en se centrant sur deux figures du voyageur, l'écrivain-voyageur d'une part, le voyageur écrivain d'autre part. En effet, le récit de voyage est un genre ambigu dans la mesure où il est riche par la diversité des formes qu'il peut emprunter, récit de pèlerinage, récit de croisade, chronique, lettre, journal, carnet de bord, récit romanesque, etc. Autant de formes qui correspondent aux différentes catégories de voyageurs : pèlerins, brigands, parias, commerçants, ambassadeurs, navigateurs, historiens, politiciens, médecins, militaires, romanciers, etc. De surcroît, selon le statut du voyageur, le regard présenté diffère en fonction des choix d'écriture de l'auteur ; l'écrivain voyageur donne la primauté à la littérature et offre une vision subordonnée à ses compétences d'écrivain tandis que le voyageur écrivain privilégie ses capacités d'expertise dans son domaine respectif pour reconstruire le réel.

Les écrits de ces deux types de voyageurs mettent à la disposition du lecteur d'aujourd'hui un nombre non négligeable d'informations qui reposent sur l'observation des lieux, des usages à une période donnée dans un pays, de la culture d'un peuple, mais également sur les émotions, les impressions, qui transparaissent à travers les techniques d'écriture et qui offrent un matériel inépuisable à la recherche. Ces récits sont donc d'une importance capitale dans la mesure où ils sont des sources qui informent sur des contrées et des périodes mal connues comme le fait Hérodote au sujet du développement de l'empire perse ou encore de l'origine des guerres médiques au ve siècle avant notre ère dans les Histoires ou l'Enquête, première œuvre historique du monde occidental.

Par ailleurs, les avancées scientifiques selon les époques, notamment dans le domaine de la navigation et dans les différents modes de déplacement, ouvrent de nouvelles perspectives et sont un facteur à prendre en considération dans la restitution du voyage par les auteurs. Ces derniers s'emploient à décrire avec précision les conditions de voyage et l'impact des innovations techniques sur la durée de leur voyage ou sur une mission précise. Ils peuvent également caractériser les nouvelles terres qu'ils explorent et ainsi apporter un témoignage d'ordre historique. Et bien d'autres aspects peuvent être étudiés.

Ainsi les récits de voyage peuvent être considérés dans une certaine mesure comme des documents de premier ordre car les auteurs visent à une vulgarisation du savoir tout en classant et en répertoriant le monde connu. Ils ont le souci de regrouper les connaissances sur des domaines les plus variés (gastronomie, généalogie, développement des villes et de ses traditions, etc.) afin d'appréhender la culture de l'autre. La mobilité joue donc un rôle essentiel dans la mesure où le voyageur apprend de ses expériences et peut instruire le lecteur par le biais de ses écrits.

D'autre part, le voyage vers l'inconnu peut être perçu par les auteurs comme une quête de connaissance des autres pour une meilleure connaissance de soi. L'écriture résultant de ces nouvelles rencontres peut devenir dès lors un refuge ou un exutoire pour le voyageur. Il exprime ses désirs, ses rêveries, ou au contraire il se défend contre des stéréotypes. On tend ici à l'écriture d'un voyage ontologique né d'un voyage réel. Néanmoins, ce voyage ontologique peut apparaître à partir d'un voyage totalement imaginé par la pensée d'un écrivain ou par la réminiscence d'un de ses souvenirs ; l'écriture est alors travaillée différemment pour rendre compte d'une autre réalité.

Dans la diversité de ces récits de voyage, la réception du lecteur est d'autant plus importante car il est le trait d'union entre les récits des voyageurs-écrivains et des écrivains-voyageurs. En effet, la portée de ces récits est à déterminer par une analyse minutieuse des choix d'écriture des auteurs. Peut-on se fier davantage au récit de voyage d'un voyageur-écrivain qu'à celui d'un écrivain-voyageur ? Quels sont les critères qui permettent de juger de l'objectivité du voyageur spécialiste et de la subjectivité de l'écrivain qui voyage ? Le moment où le voyageur se met à écrire sur un support choisi a-t-il un impact sur l'authenticité de sa représentation ? L'écrivain-voyageur et le voyageur-écrivain sont-ils si dissemblables dans la restitution de leurs voyages ?

Axes de recherche

Dans cette Journée d'Étude Jeunes Chercheurs, en prenant en compte la distinction écrivain voyageur et voyageur-écrivain, nous nous interrogerons essentiellement sur les motivations qui poussent les voyageurs à écrire, le conditionnement de leur écriture et la place qu’ils occupent dans leurs écrits à travers la reconstitution de leur voyage. Les textes pouvant donner matière à réflexion peuvent être des récits de voyage réels ou fictifs. Tous les types de récits de voyage de l'Antiquité à nos jours pourront donner lieu à étude. Sans exclusive, les questionnements suivants pourront être abordés :

  • Quel type d'écrit est-il adéquat pour quel voyage ? À quel moment le voyageur se met-il à écrire ? Dans quelle(s) perspective(s) le voyageur écrit-il son voyage ?

  • Quand commence l'écriture du voyage ? Comment est-elle activée et dans quel contexte ?

  • Quelle place le voyageur occupe-t-il dans son récit ? Cherche-t-on l'exactitude de la représentation du voyageur ? Ou sa perception personnelle a-t-elle un but précis ?

  • Le voyage permet-il de modifier le regard du voyageur sur les autres ? Comment les voyages permettent-ils au voyageur de se construire une identité ?

  • Comment le voyage  est-il restitué ? Dans quel but ? Quelle(s) stratégie(s) le voyageur adopte-t-il pour raconter son voyage ?

  • Qu'est-ce qui peut justifier, motiver l'écriture du voyage ? Qu'apporte l'écriture du voyage et a t elle un impact sur le monde ? Le récit de voyage s'arrête-t-il au voyage ? A-t-il une autre visée ? Une portée symbolique ? Politique ? Ou autre ?

  • Quelle est la particularité des récits de voyage comme sources historiques ? Que nous apprennent-ils sur la période historique considérée ? Existe-t-il une différence entre récits d'écrivain-voyageur et récits de voyageur-écrivain en tant que source historique ?

Comité scientifique

Jacqueline Bel, Professeur à l’ULCO, Directrice de l’UR H.L.L.I., Études germaniques

Jean Devaux, Professeur à l’ULCO, Littérature française du Moyen Âge et de la Renaissance

Éric Roulet, Professeur à l’ULCO, Histoire moderne

Laurent Warlouzet, Professeur à l’ULCO, Histoire contemporaine

Modalités de soumission

Pour cette Journée d'Étude, nous prendrons uniquement en considération les propositions de jeunes chercheurs (doctorants et jeunes post-doctorants). Dans une perspective pluridisciplinaire, nous souhaiterions croiser les regards de littéraires et d'historiens sur cette thématique. Les spécialistes d'autres disciplines d'arts ou de sciences humaines ou de sciences du langage peuvent bien entendu proposer des communications pour cette journée si elles éclairent l'un des points mentionnés ci-dessus. Les interventions seront limitées à 25 minutes. Les propositions de communications se présenteront sous la forme d'un résumé d'une dizaine de lignes précédé d'un titre provisoire. Elles seront suivies d'un bref curriculum vitaeCes propositions sont à soumettre par mail sous un format lisible (Word, OpenOffice, PDF) aux organisatrices, Grace Baillet et Mélanie Fruitier, avant le 11 décembre 2018 aux adresses suivantes :

ulcogracebaillet@gmail.com

melanie.fruitier62@gmail.com

Une réponse individuelle sera communiquée par mail à partir du 10 janvier 2019.

Colloque "La stigmatisation : une lecture interdisciplinaire"
Posted: Thursday, October 25, 2018 - 12:51

Centre cognitif des Etudes et des Recherches El Madar en collaboration avec l’Université de Sfax et l’Université de Gabès 

Sousse, les 8 et 9 février 2019

Avec la coopération de l’Université Félix Houphouët Boigny (Abidjan, Côte d’Ivoire), le Groupe de Recherches sémiotiques de Côte d’Ivoire (GRS-CI), le Laboratoire « Approches du Discours » (LAD), Le laboratoire de Recherches : Études Maghrébines, Francophones, Comparées et Médiation Culturelle et l’Unité de recherche Etat, Culture et Mutations de la société (ECUMUS).

 

PRÉSENTATION

Phénomène social par excellence, la stigmatisation repose sur un ensemble de stratégies de discrimination d’un individu ou d’un sous-groupe d’individus par un groupe dominant ou majoritaire dans une société bien déterminée. Traditionnellement fréquente dans la médecine et plus particulièrement dans la psychiatrie, la stigmatisation touche aussi bien les malades atteints de troubles psychiques que leurs proches et même les psychiatres et les soignants qui les prennent en charge.

Étymologiquement, la stigmatisation est l’action physique de « marquer de manière définitive le corps de quelqu’un afin de lui donner une cicatrice distinctive » (Le Petit Robert). Il en va ainsi des stigmates résultant de la crucifixion de Jésus Christ comme de l’opération de marquer les criminels au fer rouge en France sous l’Ancien Régime. D’où la mise en écart d’un individu dont le comportement déroge aux normes d’une société bien déterminée. Irving Goffman identifie dans cette perspective trois formes de stigmatisation : la première touche les personnes présentant une déformation physique remarquable (cicatrices, infirmités physiques, obésité ou au contraire anorexie…), la deuxième concerne plutôt les personnes manifestant des différences de type comportemental (troubles mentaux, toxicomanie, alcoolisme, homosexualité masculine ou féminine, délinquance…), la troisième trouve sa source dans les différences ethniques, idéologiques, culturelles, religieuses, sociétales…

D’une manière générale, le stigma est considéré comme un attribut profondément disqualifiant pour l’individu qui le porte dans la mesure où il le fait passer du statut d’une personne « complète » et « normale » au statut d’une personne « incomplète » et « anormale » pour le réduire enfin à un label négatif (un toxicomane, un criminel, un obèse, un homosexuel, un noir…). Mais, y a-t-il en fin de compte une norme sociale qui soit universellement admise par toutes les communautés humaines ?

Il convient de remarquer tout de même que si le stigmate physique ou moral, considéré comme une déviance par rapport à la norme, conduit à rejeter l’individu stigmatisé, lui-même peut être sujet au phénomène de l’auto-stigmatisation s’il se rend compte du fait qu’il est indésirable et dégradé socialement. Mieux encore, la situation peut se renverser dans la mesure où le stigmatisé peut devenir à son tour stigmatisant par rapport à ceux qui l’ont déjà stigmatisé.

Tel est par exemple le cas de Franz Fanon, psychiatre martiniquais, arrivant en France métropolitaine, face à ses patients, qui sont par essence stigmatisés en raison de leurs troubles psychiques, ce qui ne les empêche pas pour autant d’être « stigmatisants » à l’égard de la peau noire de leur médecin comme tous les autres Français de peau blanche. Le schéma devient plus complexe lorsque Fanon, lui-même, avoue dans Peaux noires, masques blancs, que de stigmatisé qu’il était au départ, son statut de psychiatre noir soignant des malades blancs, lui confère une certaine supériorité par rapport à ses vis-à-vis et l’amène parfois à prendre une attitude « stigmatisante » dans ce jeu symétrique entre individus de couleurs différentes.

D’où la présence de la dialectique de l’agent et du patient au niveau des rapports complexes entre stigmatisation et auto-stigmatisation. Un autre écrivain martiniquais, Aimé Césaire refuse de succomber à l’auto-stigmatisation et réplique par l’offensive à la stigmatisation dont sont victimes les Noirs pour fonder le mouvement de la négritude qui refuse l’intériorisation de ce que Howard Saul Becker appelle l’étiquette dans le cadre de sa théorie de l’étiquetage.

En littérature, la stigmatisation trouve sa meilleure expression dans la question de la marginalité dans la mesure où les auteurs qui ne reproduisent pas ou qui refusent délibérément de se conformer à l’idéal littéraire de leur temps sont souvent stigmatisés et marginalisés par l’institution officielle. Il en va ainsi des auteurs libertins qu’on trouve pratiquement dans toutes les sociétés et dans toutes les cultures du fait de leur écart par rapport aux règles normatives, religieuses ou sociales. Issu du latin « libertinus » au sens d’« esclave affranchi », le mot « libertin » a en effet fait son entrée dans la langue française au début du XVI è siècle (1525) au sens d’homme puis d’auteur affranchi du poids de la religion et des coutumes.

Cela dit, le phénomène du libertinage n’est pas récent puisque déjà à l’époque romaine Épicure est taxé de libertinage en raison de son matérialisme. De même, dans l’Italie de la Renaissance, Machiavel auteur du livre Le Prince, qui est paradoxalement une référence incontournable pour tous les politiciens du monde, est considéré comme libertin, et ce pour son pragmatisme politique. D’ailleurs, certains auteurs libertins italiens à l’instar de Vanino Vanini et de Giordano Bruno n’ont pas été seulement stigmatisés par les autorités religieuses de leur temps mais également condamnés à l’autodafé et brûlés vifs sur les places publiques pour dissuader leurs contemporains de porter les stigmates tant redoutés de « penseur libertin », de « libre penseur » ou encore d’« esprit fort ». Il suffit de lire à ce propos Surveiller et Punir où Michel Foucault retrace l’histoire de la torture à l’époque classique pour se rendre compte de l’horreur des supplices inhumains que l’Église catholique et l’Inquisition ont exercés sur les auteurs libertins et sur les « hérétiques ».

Mais, il n’y a pas que les libertins qui furent l’objet de stigmatisation de la part des religieux fanatiques, les hommes de science tels que Galileo Galilée ont, eux aussi, payé de leur vie leurs révolutions scientifiques qui sont universellement saluées et reconnues de nos jours.  

Mais au-delà de la mouvance du libertinage moral et philosophique de l’âge classique qui fut au cœur d’un large mouvement de stigmatisation à l’instigation des autorités religieuses et à moindre degré des autorités politiques de l’époque, la Querelle des Anciens et des Modernes, qui a divisé les hommes de lettres du XVII è siècle, a donné lieu à une grande compagne de stigmatisation et de contre-stigmatisation de la part des deux parties opposées de cette controverse littéraire. En réalité, cette querelle a éclaté à l’occasion de la publication en 1687 du poème « Le Siècle de Louis le Grand » où Charles Perrault remet en cause la fonction de modèle de l’Antiquité gréco-latine sous le masque de l’éloge de la majesté et de la splendeur du règne de Louis XIV. D’où la réaction virulente de Nicolas Boileau, chef des Doctes et des Anciens, aux hardiesses de Perrault et des Modernes.

À la fin du XIX è siècle, ce sont les « poètes maudits » à l’instar de Baudelaire et du « couple » Verlaine-Rimbaud qui ont ouvert la voie à la modernité littéraire en assumant pleinement les stigmates de la malédiction sociale et esthétique en signe de provocation à l’encontre de leurs émules et de leurs exégètes. L’on pourrait multiplier à ce propos à l’infini les exemples des auteurs de différentes contrées du monde qui ont subi le sceau de la stigmatisation tantôt sous le mode de la résignation tantôt sous le mode de la réaction. Il existe, en revanche, des cas d’auteurs qui ne furent pratiquement jamais l’objet d’une quelconque stigmatisation, ce qui ne les a pas empêché de défendre la cause de certains individus ou communautés humaines stigmatisés.

Le cas le plus emblématique à ce propos est celui de Jean-Paul Sartre qui s’est engagé dans le mouvement de l’anticolonialisme pour dénoncer les abus de la France, « pays de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen » (1790), à l’égard des peuples de l’Afrique. De même, en forgeant le concept du « tiers-mondisme », Sartre s’insurge contre la nouvelle classification des pays qui est issue de la Deuxième guerre mondiale.

Actuellement, dans le contexte de la modernité et de la postmodernité, un mouvement universel de dénonciation et de lutte contre la stigmatisation dans toutes ses formes traverse les textes de lois et les constitutions de toutes les sociétés. D’ailleurs, c’est dans les programmes scolaires officiels que l’on trouve l’expression de cette tendance pour répondre à cette politique de formation des nouvelles générations à travers les fameux thèmes de « la paix », de « la tolérance »…

Cela dit, bien que ces questions ne soient pas récentes dans les cursus éducatifs des jeunes écoliers puisqu’elles datent depuis plus d’un siècle, les résultats escomptés de ces politiques d’intériorisation de l’acceptation de la différence d’autrui devraient faire l’objet d’une évaluation et d’un bilan. En effet, si l’on prend à titre d’exemple l’ampleur du problème de l’intégration des émigrés dans les pays d’accueil, qui est l’une des causes principales du phénomène mondial de la violence et du terrorisme, le succès des politiques et des mouvements de lutte contre la stigmatisation devrait être mis en cause.

En définitive, il est assez judicieux de faire l’état des lieux du phénomène séculaire de la stigmatisation dans le cadre de ce congrès. Un certain nombre d’interrogations s’impose à ce propos : Quelles sont les multiples formes de stigmatisation qui traversent l’histoire humaine ? Quels jeux de forces s’exercent entre stigmatisation, contre-stigmatisation et auto-stigmatisation ? Dans quelle mesure la critique de la stigmatisation a-t-elle contribué à la lutte contre ce phénomène ? Quelles nouvelles stratégies faut-il adopter alors pour faire face aux manifestations renouvelables de ce phénomène ?  Peut-on repenser cette question sans avoir recours à différents angles de vue et à de multiples approches dans le cadre de l’interdisciplinarité ?

 

AXES

C’est pour répondre à ces interrogations et à tant d’autres que les chercheurs de différents domaines sont conviés à réfléchir sur la stigmatisation et à enrichir le débat sur ce sujet. Sans prétendre à l’exhaustivité, voici quelques pistes de réflexion :

I.       Les formes de la stigmatisation

1.      Physique (les handicaps, les difformités, les cicatrices, l’obésité…).

2.      Ethnique (Blancs et Noirs, Arabe et Amazighs…).

3.      Sociale (les enfants des cités et des banlieues, les citadins et les ruraux, les délinquants, les fils naturels, les homosexuels, les transsexuels, les marginalisés…).

4.      Culturelle et Religieuse (juifs et musulmans, chrétiens catholiques, protestants, orthodoxes… musulmans sunnites, chiites, daesch… minorité musulmane rohingyas au Mynmar, bouddhidtes, athées …).

5.      Politique (Conservateurs et Progressistes, les oppositions idéologiques entre les différents partis politiques…).

6.      Littéraire (Conservateurs et Modernistes, Conformistes et Anticonformistes, Libertins…).

II.      Les enjeux de la stigmatisation

1.      La manipulation politique des stigmas.

2.      La manipulation religieuse des stigmas.

3.      Les effets sociaux de la stigmatisation.

4.      L’influence des mass-médias et des réseaux sociaux en matière de stigmatisation.

5.      La récupération littéraire de la stigmatisation.

III.    Les stratégies de la dé-stigmatisation

1.      Les politiques de tolérance et de cosmopolitisme.

2.      L’appel à la cohabitation pacifique.

3.      Le rôle des mass-médias.

4.      Le rôle de l’enseignement.

5.      La mission des penseurs, des sociologues, des anthropologues, des artistes et des hommes de lettres.

Les objectifs du Congrès

•        Insister sur la pertinence de la réflexion au sujet de la stigmatisation.

•        Insister sur la nécessité d’une étude interdisciplinaire du phénomène de la stigmatisation (psychologie, sociologie, anthropologie, littérature, histoire, didactique…).

•        Cerner l’ampleur du phénomène de la stigmatisation.

•        Evaluer l’efficience des différentes politiques et stratégies déjà mises en œuvre dans la lutte contre la stigmatisation.

•        Essayer de définir de nouvelles stratégies pour faire face aux manifestations actuelles de la stigmatisation.

 

Bibliographie

1.      Blanchot, M. Faux pas, Paris, Gallimard, 1943.

2.      Canguilhem, G. Le normal et le pathologique, Paris, P.U.F, 2005.

3.      Collectif, L'adolescence à l'épreuve de la stigmatisation- Abdessalem Yahyaoui (Direction) Paru le 19 avril 2017, Edition In Press.

4.      Collectif, Les Mots de la stigmatisation urbaine, Jean-Charles Depaule (Direction), Les mots de la ville, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Éditions UNESCO, Collection : Les mots de la ville, 2006.

5.      Croizet, J.C., Leyens, J.P., Mauvaises réputations Réalités et enjeux de la stigmatisation sociale, Paris, Armand Colin, 2003.

6.      Dagognet, F. Changement de perspective : le dedans et le dehors, Paris, La Table ronde, 2002.

7.      Elias, N. La société des individus, Paris, Pocket agora, 1998.

8.      Fanon, F. Peaux noires, masques blancs, Paris, Le Seuil, 1952.

9.      Fassin, D, Rechtman R, L’Empire du traumatisme : enquête sur la condition de victime, Paris, Flammarion, 2007.

10.    Foucault, M. Surveiller et punir, Paris, Gallimard, 1975.

11.    Gauchet, M. La démocratie contre elle-même, Paris, Gallimard, 2002.

12.    Girard, R. La violence et le sacré, Paris, Grasset, 1972.

13.    Giordana, J.Y., La stigmatisation en psychiatrie et en santé mentale, Paris, Masson, 2010.

14.    Goffman, I. Stigmate : les usages sociaux des handicaps, Paris, Editions de Minuit, 1975.

15.    Le Bihan, Y., Construction sociale et stigmatisation de la « femme noire », Imaginaires coloniaux et sélection matrimoniale, Paris, Logiques sociales, 2007.

16.    Sloterdijk, P. La domestication de l’être, Paris, Mille et une nuits, 2000.

17.    Souleze Larivière D, Eliacheff C, Le temps des victimes, Paris, Albin Michel, 2007.

 

Président et Coordinateur général du Congrès

Dr. Abdelwaheb Bacha, Directeur du Centre cognitif des Recherches et des Etudes El Madar.

Coordinateur et Responsable de publication du Congrès

Dr. Lassàad Héni.

 

Protocole de participation et de publication

-        La proposition doit toucher l’un des axes du Congrès. Elle doit être également inédite et non extraite d’un quelconque travail académique (Mémoire de Master, Thèse…). Les langues des communications sont l’arabe, le français, l’anglais, l’espagnol et le turc.

-        Les communications ne doivent pas être en-deçà des 10 pages et au-delà des 25 pages. Les notes, les références et les annexes doivent figurer en bas de page. La bibliographie doit obéir à l’ordre alphabétique et figurer à la fin de la communication.

-        La proposition doit être sous la forme d’un projet de communication.

-        Les propositions acceptées pour la participation sont soumises à l’évaluation du comité scientifique en vue de leur éventuelle publication.

-        Les propositions en français, en anglais, en espagnol et en turc sont à rédiger dans la police Times New Roman, interligne 1.5, caractère 14, bas de page, caractère 12. Les communications en arabe sont à rédiger dans la police Simplified Arabic.

-        Les propositions doivent être accompagnées d’une brève notice biographique (Nom et prénom, Grade, Institution de rattachement, numéro de téléphone, émail..).

-        Les propositions en arabe doivent être accompagnées d’un résumé en français ou en anglais avec la délimitation de 5 mots-clés.

-        Les communications en français et en anglais doivent être accompagnées d’un résumé en arabe.

-        Le comité scientifique statue sur l’acceptation des propositions et informe les auteurs de la nécessité d’envoyer le texte complet de leurs communications avant la date limite de leur réception.

-        Les communications doubles sont acceptées à condition d’être présentées par un seul conférencier.

-        Les communications des doctorants doivent être sous la forme de poster.

-        Les enseignants universitaires et les docteurs sont libres de choisir la forme de leurs communications : conférence, poster…

Dates importantes

-        Dernier délai pour l’envoi des propositions : 30 novembre 2018.

-        Notification d’acceptation : 07 décembre 2018.

-        Dernier délai pour la réception des communications : 10 janvier 2018.

-        Envoi des invitations de participation : 20 janvier 2019.

-        Annonce du programme du congrès : 25 janvier 2019.

-        Réception des participants : 7 février 2019.

-        Tenue du congrès : 8 et 9 février 2019.

Frais de participation

-        Les frais de transport sont à la charge des participants.

-        Les frais de participation des enseignants et des étudiants algériens sont 22000 dinars algériens pour les chambres doubles à payer avant le 31 décembre 2018. Après le 1 janvier 2019 les participants sont conviés à payer la somme de 25000 dinars algériens.

-        Les frais de participation des enseignants et des étudiants tunisiens sont 230 dinars tunisiens pour les chambres doubles à payer dans le lieu du congrès.

-        Les frais de participation pour les citoyens des autres pays est 200 euros ou leur équivalent en dollar à payer dans le lieu du congrès.

-        Pour les chambres individuelles, les participants sont conviés à s’acquitter de la somme de 60 dinars tunisiens à raison de 20 dinars par nuitée.

-        Les frais de participation couvrent le séjour à l’hôtel, la restauration, le cartable du congrès, une attestation de participation cosignée par le Centre El Madar et l’Université de Gabès.

-        Les frais de publication électronique ou en papier sont 20 euros à payer dans le lieu du congrès.

Email du congrès

Congres.stigmatisation2019@gmail.com

Email du Centre El Madar

rsmcenterdz@gmail.com

Appel à contribution : “Représentation du désir féminin : entre texte et image”
Posted: Thursday, October 25, 2018 - 12:48

Appel à contribution pour le numéro 10 de la revue électronique Litter@ Incognita

(http://blogs.univ-tlse2.fr/littera-incognita-2/)

 

Trop souvent définie comme étant du côté des instincts et de la nature, la sexualité humaine est entourée de contraintes et d’interdits socialement construits. Trop souvent également, le désir sexuel exprimé et représenté est celui des hommes, principaux producteurs et premiers destinataires de ces écrits et de ces images. Le désir féminin a longtemps été construit en miroir par les hommes pour répondre à leurs propres fantasmes : le masochisme féminin faisant pendant au sadisme masculin ; l’exhibitionnisme féminin répondant au voyeurisme masculin ; le désir de violer, auquel correspondrait celui d’être violée, etc. La femme est ainsi traditionnellement un objet du désir et l’instrument de la jouissance masculine plutôt qu’un sujet qui parle, voit, agit et désire de façon autonome. En ce sens, le désir féminin semble d’une certaine manière invisibilisé, au mieux suggéré. Il resterait dans l’ombre non seulement de son pendant masculin, mais également des conventions sociales, littéraires, ou artistiques.

En 1975, Hélène Cixous écrit dans Le Rire de la Méduse : « [i]l faut que la femme s’écrive » (Cixous : p. 37). Pour elle, cet acte « marquera [entre autres] la Prise de la Parole par la femme, donc son entrée fracassante dans l’Histoire qui s’est toujours constituée sur son refoulement » (Cixous : p. 46). Mais qu’en est-il depuis cet appel lancé aux femmes à se « fraye[r] [leur] voie dans le symbolique » (Cixous : p. 59) ?

Le développement de nouvelles pratiques artistiques ainsi que l’essor des adaptations cinématographiques et télévisuelles de romans ces dernières décennies ont fait naître de nouvelles problématiques mais ont aussi permis l’émergence de nouveaux discours. Il nous semble ainsi intéressant de ne pas nous cantonner à l’écriture seule mais de l’articuler avec les images. Cette relation texte-image ne se limite pas au champ de la transmédialité ; elle est également au cœur de dynamiques intermédiales, si nous entendons l’intermédialité comme « l’ensemble des conditions qui rendent possibles les croisements et la concurrence des médias, l’ensemble possible des figures que les médias produisent en se croisant » (Marinielllo : p. 48). Il convient ainsi de se pencher sur des productions culturelles intermédiales et transmédiales qui déjouent les représentations textuelles, visuelles ou psychiques conventionnelles pour mieux interroger les modalités complexes de représentation du désir sexuel féminin. Il ne s’agit pas ici de mesurer ou de démontrer une hypothétique écriture féminine mais bien d’étudier ce que l’articulation entre le texte (écrit ou oral) et l’image (visuelle ou mentale) permet aux femmes dans la représentation et l’expression de leurs désirs sexuels.

Les modalités d’articulation entre les images et les textes ne relèvent pas uniquement d’un procédé réducteur de traduction “à la lettre” de l’image en texte, ou du texte en image. Les relations qui s’établissent entre ces deux éléments sont plus complexes, elles jouent fréquemment avec un écart volontaire entre ce que l’un et l’autre suggèrent. Ce décalage permet de fissurer la représentation, de créer des brèches à travers lesquels s’engouffre l’imagination du·de la lecteur·trice. Ce·tte dernier·ère se projette intimement dans ces failles qui ménagent un espace marginal, alternatif et ambigu, propice au développement du désir féminin. Nous nous intéresserons donc aux imbrications entre les textes et les images qui se répondent imparfaitement, se contredisent, s’opposent, créent des blancs et des silences, ménageant ainsi une multitude d’interstices désirants.

AXES DE RÉFLEXION

Nous invitons les chercheur·se·s et jeunes chercheur·se·s de toute discipline à interroger la relations entre l’articulation texte/image et le désir féminin. Nous proposons quelques axes de réflexion non exhaustifs afin de guider les contributeur·trice·s.

  • Adaptations cinématographiques et télévisuelles

Les adaptations de livres au cinéma ou à la télévision sont légion. Ainsi, plusieurs textes écrits par des femmes et mettant en scène leurs sexualités ont été adaptés à l’écran : on pense notamment aux séries Orange is the New Black ou My Mad Fat Diary mais aussi aux adaptations des romans de Nelly Arcan, Virginie Despentes ou encore Marguerite Duras. Quels changements le passage du texte à l’image opère-t-il sur la représentation de la sexualité et du désir des personnages et sur leurs effets sur le·a lecteur·rice et le·a spectateur·rice ? L’image en dit-elle plus ou moins que le texte ?

  • Tensions texte/image dans la bande dessinée, le roman graphique et l’album

La bande dessinée, le roman graphique et l’album se nourrissent de la tension entre l’image et le texte, sans cesser d’en réinventer les modalités. Ces trois supports, traditionnellement privilégiés par des artistes masculins, ont cependant été choisis par des artistes féminines, et souvent féministes, pour exprimer, crûment et/ou poétiquement, l’intime et le désir féminins, depuis les mouvements undergrounddes années 1960-1970 (par exemple avec les anthologies d’autrices Wimmen's Comix et Tits and Clits) jusqu’à nos jours (Le Bleu est une couleur chaude de Julie Marauch, Los Juncos de Sandra Uve, etc.). Leur revendication d’un regard féminin et féministe sur les corps, les désirs et les sexualités constitue également un contrepoint à une réification des corps et des personnages de femmes, habituelle dans certaines catégories de bandes dessinées sérielles (histoire, fantasy, science-fiction, etc.). Une réflexion sur la nature et l’évolution de l’intégration du texte à l’image, de la répartition graphique des éléments textuels et visuels sur la planche et de leurs rapports de force et de complémentarité dans ces œuvres d’autrices permettrait notamment d’analyser la déconstruction des représentations sexistes qu’elles opèrent.

  • Récits de fans : quand le désir des femmes fait désordre...

Parmi les formes d’expression du désir féminin les plus controversées, on compte le travail des fans. Les fanfictions, les fanarts ou encore le vidding sont des pratiques actives de la réception où les fans vont enrichir l’univers fictionnel d’un produit médiatique. Ces écrits et créations artistiques sont un terrain fertile de jeu et d’expression pour le désir sexuel d’une communauté très majoritairement jeune et féminine : ce sont donc des productions faites par et pour les femmes. La pudique romance hétérosexuelle est loin d’être toujours de rigueur : sadisme, masochisme, transsexualité, homosexualité, bisexualité, écriture et représentations explicites voire pornographiques, viols, etc. sont fréquemment au cœur de ces productions. La crudité de ces textes et images choque à l’extérieur (et parfois même à l’intérieur) de la communauté. Comment s’articulent alors les textes et les images de ces fans pour permettre l’expression de ce désir féminin parfois subversif et introduire du politique au sein de ces pratiques ?

La diversité des contextes dans lesquels la relation entre le désir féminin et l’articulation texte/image est susceptible d’apporter un éclairage invite à la discussion et à un renouvellement des questionnements scientifiques qui y sont attachés. Naturellement, la liste des pistes proposées et les domaines concernés ici sont non-exhaustifs et tout sujet qui se concentrerait sur des enjeux sous-jacents à la question posée sont bienvenus.

 

Bibliographie Indicative

BOURDAA Mélanie, ALESSANDRIN Arnaud (dir.) Fan studies, gender studies. La rencontre, Paris, Théraèdre, 2017.

CARANI Marie, « Le désir au féminin », Recherches féministes, n°18, 2005, 9–37.

CIXOUS Hélène, Le Rire de la Méduse et autres ironies, Paris, Galilée, « Lignes fictives », 2010.

DESTAIS Alexandra, Éros au féminin, Paris, Klincksieck, 2014.

GRAMMEL Irene (dir.), Confessional Politics : Women's Sexual Self-Representations in Life Writing and Popular Media, Carbondale, Southern Illinois University Press, 1999.

Alice HUGHES et Kate INCE (dir.), French Erotic Fiction: Women's Desiring Writing, 1880-1990, Oxford, Berg, 1996.

GRANOFF Wladimir et PERRIER François, Le désir et le féminin, Paris, Aubier Montaigne, 1979.

MACKINNON Kenneth, Uneasy Pleasure: The Male as Erotic Object, Londres/Cranbury, Cygnus Arts/Fairleigh  Dickinson University Press, 1997.

MARINIELLO Silvestra. Commencements. In : MÉCHOULAN Éric et al. (dir.). Naître [En ligne]. Montréal : Université de Montréal, Centre de Recherche Intermédiales sur les arts, les lettres et les techniques, 2003, Intermédialités, n°1, p. 47‑62.

POLLOCK Griselda, Differencing the Canon: Feminist Desire and the Writing of Art’s Histories, Londres et New York, Routledge, 1999.

 

MODALITÉS DE SOUMISSION

Les propositions de contributions en français (titre et résumé de 500 mots maximum), accompagnées d’une brève notice biobibliographique (affiliation institutionnelle, axes de recherche, publications majeures) sont à envoyer à l’adresse électronique de la revue Litter@ Incognita litterai@univ-tlse2.fr

Les articles sont soumis de manière anonyme à l’évaluation d’un comité scientifique composé d’enseignants-chercheurs de l’Université Toulouse Jean Jaurès.

 

Calendrier prévisionnel

  • Soumission des propositions avant le 19 novembre 2018
  • Annonce des résultats de la sélection des propositions : 1er décembre 2018
  • Soumission des articles complets retenus : 15 février 2019
  • Publication des articles évalués : juin 2019
CfP: "Timepieces"
Posted: Thursday, October 25, 2018 - 12:46

The University of Toronto’s Centre for Comparative Literature’s 29th Annual Conference 

50thAnniversary of the Centre for Comparative Literature 1969-2019

March 29th and 30th, 2019

 

PRESENTATION

What is time? How do we think about it? These timeless questions haunt us still.

From Aristotle’s unities of time and space, to Einstein’s theory of space-time dichotomy, to Bergson’s duration, the issue of temporal representation has raised questions about chronology/chronometry and conceptions of time as cyclical, linear, or multi-directional. Literature and other artistic media, such as music, theatre, film, photography, and visual arts have revolved around the paradoxical task of representing time’s passage, stasis, duration, embodiment, fragmentation, and distortion. Recently, diverse time-space epistemologies such as those founded in Indigenous cultures and questions of the digital, the postcolonial, memory, remediation of ephemera, ecology, and gender have opened up new perspectives on temporality. 

Attempts at temporal unification for cultural, economic and political reasons mark human history. Postcolonial time has often been considered an alternative temporality in opposition to Western forms of temporal homogenization (standard time, clock time, imperial time). However, can the postcolonial “other” encourage a perspectival definition of time while simultaneously helping to reconsider the alleged incommensurability between the time of the “other” and “Western temporality”?[1]

Time is also intrinsically linked to questions of cultural and personal memory and trauma. Acts of remembrance (re)enact the past in the present, and the imagination projects past and present into the future. By remembering and forgetting, witnessing and enacting, subjectivation and self-formation are mediated through time. What are the ethical implications of shaping the self through memory? Can time heal? Moreover, how does the multi-directionality of memory complicate linear and progressive understandings of time?  

“Hold on to the now, the here, through which all future plunges to the past,” wrote James Joyce. The opposite holds true as well – remembering the future as past can illumine how we address present problematics. The Anthropocene is upon us – an era of accelerated change and, consequently, collective human responsibility. Ice caps melting, oceans polluted and overfished, countless animals killed for human consumption – this is the contemporary condition of climate time. What roles does time play in ecology and the processes of extinction and climate change?[2]

It is in light of recent societal and planetary developments (climate change, globalization, multiculturalism, etc.) that re-thinking time and politics becomes urgent. The historical materialist thinking of time as capital persists in contemporary neoliberalism: “sustainability” is used as a catch-phrase in policy making, while simultaneously sustaining the belief in progress and exploitation. Time is still money, after all. Can alternative politics of time envision new and unexplored forms of society? Are utopian imaginaries of the future a productive way of thinking time and politics?[3]

We, as participants in the academic discourse, acknowledge that our current and future perception of time affects disciplines and structures in pedagogy and academia. Considering gender and marginalization in our reflections on temporality allow us to imagine time in unexplored yet crucial ways: to challenge more, critique louder, and erase erasure. Now is the time to consider what it means to be contemporary; what it means to participate in our times. This is an invitation to a critical rethinking of, and a creative engagement with, the subject of time from a contemporary perspective.  

The organizing committee of the 29thAnnual Conference welcomes academic and artistic submissions (e.g. poetry, performance, visual arts) that engage with aspects of temporality. Suggested topics include, but are not limited to: 

  • Representations of Time in the Arts    
  • “Pre-modern” Conceptions of Time
  • Time and the Postcolonial
  • Indigenous Temporalities 
  • Time, Memory, Trauma
  • Ruins, Monuments, and Ethnographies
  • Gender, Embodiment, Aging Bodies 
  • Languages through Time

 

PROPOSALS

Proposals should be a maximum of 250–300 words. Individual talks should be 15–20 minutes in duration and altogether, panels and roundtables should not exceed 90 minutes. Please include a biographical statement of no more than 50 words and submit your abstract by e-mail to complitconference2019@gmail.comby December 1st, 2018

 

PRÉSENTATION

Qu’est-ce que le temps ? Comment y réfléchissons-nous ? Ces questions, intemporelles, continuent de nous hanter.

Des unités de temps et d’espace d’Aristote à la théorie binaire de l’espace-temps d’Einstein, en passant par le concept de durée chez Bergson, la question de la représentation temporelle a soulevé de nombreuses questions quant à la chronologie/chronométrie et aux conceptions cycliques, linéaires, et multidirectionnelles du temps. La littérature et les arts, y compris la musique, le théâtre, le cinéma, la photographie, et les arts visuels, s’attaquent depuis la nuit des temps au défi paradoxal de représenter le passage du temps, mais aussi sa stagnation, sa durée, son incarnation, sa fragmentation, sa distorsion. Récemment, des questions relatives à l’ère numérique, aux épistémologies autochtones, au postcolonialisme, à la mémoire, à l’écologie, à la remédiation de l’éphémère et à l’identité de genre ont permis l’émergence de perspectives novatrices sur la temporalité.

L’histoire humaine a été marquée par de nombreuses tentatives visant l’unification du temps pour des raisons culturelles, politiques et économiques. Certains considèrent d’ailleurs les temporalités postcoloniales en opposition avec les formes occidentales d’homogénéisation temporelle (avec des outils comme l’heure standard, les horloges, et les mesures impériales). Cela dit, aujourd’hui, « l’Autre » postcolonial peut-il définir le temps différemment, tout en questionnant et en reconsidérant la présumée incommensurabilité entre sa propre temporalité et celle de l’Occident ?[4]

Le temps est également intrinsèque à la mémoire et aux traumatismes, individuels comme collectifs. Les gestes commémoratifs (re)créent le passé et le présent, tandis que l’imagination projette le passé et le présent dans l’avenir. Se rappeler et oublier, être témoin et acteur ; la subjectivation passe par la médiation du temps. Sur le plan éthique, qu’est-ce que la construction de soi et des autres à l’aide de la mémoire et des souvenirs implique ? Le temps peut-il guérir ? Comment la multidirectionalité de la mémoire complique-t-elle les notions linéaires et progressives du temps ?

« Tiens-toi au maintenant, à l’ici, à travers quoi tout futur plonge dans le passé, » écrivait James Joyce. L’inverse est aussi vrai : concevoir l’avenir comme le passé nous permet d’imaginer des solutions à des problématiques actuelles avec une singulière lucidité. L’anthropocène, cette ère de changements accélérés et, par conséquent, de responsabilité humaine et collective accrue, règne. Les banquises fondent, les océans sont pollués, les animaux deviennent des produits de consommation : voilà les paysages du réchauffement climatique. Quel rôle le temps joue-t-il dans les processus écologiques tels que l’extinction et les changements climatiques ?[5]

À la lumière de certains développements sociétaux et planétaires — réchauffement climatique, mondialisation, multiculturalisme, etc. –, repenser les liens entre le temps et la politique s’avère urgent. La perspective du matérialisme historique, qui considère le temps comme du capital, persiste dans le régime néolibéral actuel : en effet, le mot « durabilité » est utilisé à toutes les sauces par les gouvernements et les entreprises, ce qui alimente la conviction que le progrès et l’exploitation sont à privilégier. Force est d’admettre que la devise « le temps, c’est de l’argent » est toujours d’actualité. Une vision politique différente du temps nous aiderait-elle à envisager de nouvelles formes sociales jusqu’ici inexplorées ? Des imaginaires utopiques nous permettraient-ils de penser le futur autrement en termes de temps et de politique ?[6]

En tant que chercheurs, il nous faut reconnaître que les façons dont nous percevons le temps ont une incidence sur les disciplines et les structures universitaires et pédagogiques. Inclure les questions de genre et de marginalisation dans nos réflexions sur la temporalité, par exemple, nous permet de repenser le temps différemment. Le temps est maintenant venu de réfléchir à ce que cela signifie d’être contemporains et de participer à l’époque actuelle. Ce colloque est une invitation à la réflexion critique et créative sur le sujet du temps, d’un point de vue littéraire et contemporain.

Le comité organisateur du 29ecolloque annuel sollicite les propositions de communications et les soumissions artistiques (poésie, performance, arts visuels, etc.). Les propositions peuvent aborder, sans s’y limiter, les thèmes suivants :

  • Les représentations artistiques et littéraires du temps et de la temporalité
  • Les conceptions « pré-modernes » ou précoloniales du temps
  • Le temps et le postcolonialisme
  • Les temporalités autochtones
  • La mémoire et le traumatisme
  • Les ruines, monuments et ethnographies
  • Le genre, la corporalité, la vieillesse
  • Les langues au fil du temps
  • La responsabilité éthique et politique à l’ère actuelle
  • Le temps et l’anthropocène
  • Les hétérotopies, utopies, hétérochronies
  • Les définitions économiques du temps ; le temps comme capital
  • La mondialisation et la compression de l’espace-temps 
  • Les rythmes, mouvements, accélérations

 

COMMUNICATIONS

Le colloque se tiendra à l’Université de Toronto les 29 et 30 mars 2019. Nous acceptons les propositions (en anglais ou en français) d’au plus 300 mots. Les communications individuelles seront d’une durée maximum de 20 minutes ; les panels et les tables rondes seront d’une durée totale de 90 minutes. Veuillez également inclure une note biographique d’environ 50 mots, et soumettre votre proposition par courriel avant le 1er décembre, à l’adresse suivante : complitconference2019@gmail.com.

 

NOTES

[1]Watson, J. K. and Wilder, G. (eds.). The Postcolonial Contemporary: Political Imaginaries for the Global Present. New York, NY: Fordham University Press, 2018; Kaltmeier, O. and M. Rufer (eds.) Entangled Heritages: Postcolonial Perspectives on the Uses of the Past in Latin America. Abingdon, Oxon; New York, NY: Routledge, 2017.

[2]Menely, T. and Taylor, J. O. Anthropocene Reading: Literary History in Geologic Times. University Park, Pennsylvania: The Pennsylvania State University Press, 2017; Davis, H. and Turpin, E. Art in the Anthropocene: Encounters Among Aesthetics, Politics, Environments and Epistemologies. London: Open Humanities Press, 2015.

[3]Morfino, V. and Thomas, P. D. (eds.) The Government of Time: Theories of Plural Temporality in the Marxist Tradition. Boston: Brill, 2018.

[4]Watson, J. K. et Wilder, G. (dir.). The Postcolonial Contemporary: Political Imaginaries for the Global Present. New York, NY: Fordham University Press, 2018; Kaltmeier, O. et M. Rufer (dir.) Entangled Heritages: Postcolonial Perspectives on the Uses of the Past in Latin America. Abingdon, Oxon; New York, NY: Routledge, 2017.

[5]Menely, T. et Taylor, J. O. Anthropocene Reading: Literary History in Geologic Times. University Park, Pennsylvania: The Pennsylvania State University Press, 2017; Davis, H. et Turpin, E. Art in the Anthropocene: Encounters Among Aesthetics, Politics, Environments and Epistemologies. London: Open Humanities Press, 2015.

[6]Morfino, V. et Thomas, P. D. (dir.) The Government of Time: Theories of Plural Temporality in the Marxist Tradition. Boston: Brill, 2018.

 

New Publications

abbé Jean Paulmier, Memoires touchant l’etablissement d’une mission chrestienne (éd. Margaret Sankey)
Posted: 8 Apr 2022 - 07:10

abbé Jean Paulmier, Memoires touchant l’etablissement d’une mission chrestienne dans le troisième monde Autrement appelé, la Terre australe, meridionale, antartique, & inconnuë, éd. Margaret Sankey, Paris, Classiques Garnier, (2006) 2022.

Les Mémoires de l'abbé Paulmier occupent une place importante dans l'histoire européenne du concept de Terra australis. Cette édition critique, la première depuis 1664, est enrichie de documents inédits ainsi que d’une préface replaçant l'ouvrage dans son contexte historique et cartographique.

Nombre de pages: 400
Parution: 23/03/2022
Réimpression de l’édition de: 2006
Collection: Géographies du monde, n° 7
ISBN: 978-2-406-12984-4
ISSN: 1279-8428
DOI: 10.15122/isbn.978-2-37312-289-3

Sainte-Beuve, Causeries sur Montaigne (éd. François Rigolot)
Posted: 8 Apr 2022 - 07:07

Sainte-Beuve, Causeries sur Montaigne, éd. François Rigolot, Paris, Classiques Garnier, (2003) 2022.

Sainte-Beuve parsème ses œuvres de références à Montaigne. Les affinités entre ces « deux cerveaux congénères » sont indéniables et s'étendent de l'homme à l'écrivain. Cette édition donne un aperçu de la réception de Montaigne au xixe siècle et révèle la richesse des analyses du critique littéraire.

Nombre de pages: 239
Parution: 16/03/2022
Réimpression de l’édition de: 2003
Collection: Études montaignistes, n° 41
ISBN: 978-2-406-12952-3
ISSN: 0986-492X
DOI: 10.15122/isbn.978-2-37312-812-3

Anna Maria van Schurman, Letters and Poems (ed. & trans. by Anne R. Larsen and Steve Maiullo)
Posted: 8 Apr 2022 - 06:22

Anna Maria van Schurman, Letters and Poems to and from Her Mentor and Other Members of Her Circle, ed. & trans. by Anne R. Larsen and Steve Maiullo, Iter Press, "The Other Voice in Early Modern Europe: The Toronto Series 81", 2022.

Winner of the 2021 Society for the Study of Early Modern Women and Gender's Award for a Scholarly Edition in Translation

Anna Maria van Schurman was widely regarded as the most erudite woman in seventeenth-century Europe. As “the Star of Utrecht,” she was active in a network of learning that included the most renowned scholars of her time. Known for her extensive learning and her defense of the education of women, she was the first woman to sit in on lectures at a university in the Netherlands and to advocate that women be admitted into universities. She was proficient in fourteen languages, including Latin, Greek, Hebrew, Arabic, Syriac, Aramaic, Persian, Samaritan, and Ethiopian, as well as several vernacular European languages. This volume presents in translation a remarkable collection of her letters and poems—many of which were previously unpublished—that span almost four decades of her life, from 1631 to 1669.

“This volume of letters and poems, which comes at a propitious time in Anna Maria van Schurman scholarship, is far more inclusive than anything I have seen, and will interest a potentially large audience of knowledgeable readers. The letters included here, in superior translations, display the art of letter writing in all its facets and possibilities, trace the continued exchange of ideas with members of van Schurman’s circle, and exemplify the scholarly debates of the seventeenth century, with a woman as one of the debaters.”
- Cornelia Niekus Moore, University of Hawaii

ANNE R. LARSEN is professor emerita of French and senior research professor at Hope College in Holland, Michigan. She is the author of Anna Maria van Schurman, “The Star of Utrecht”: The Educational Vision and Reception of a Savante.

STEVE MAIULLO is Associate Professor of Classics at Hope College. He teaches Latin and Greek language and literature and is the author of articles on Plato and the teaching of Latin and Greek.

More info here.

Chanteloup, the Renaissance garden of the Villeroys (éd. Perrine GALAND-WILLEMEN, Matthieu DEJEAN)
Posted: 8 Apr 2022 - 06:18

Chanteloup, the Renaissance garden of the Villeroys. An initiation to Humanism, édité par Perrine GALAND-WILLEMEN, Matthieu DEJEAN, Genève, Droz, 2022.

The garden of the Chanteloup castle (Saint-Germain-lès-Arpajon), owned by the Villeroy-Neufville family, was one of the wonders of the French Renaissance, which could compete with the great Italian gardens of the time. Perrine Galand-Willemen and Matthieu Dejean revive this exceptional artistic creation in its historical and intellectual context. The authors have studied several travel guides and a long Latin poem entitled Cantilupum (Paris, 1587; 1588), which describes the meanders of the garden. Cantilupum was written by Madeleine de L'Aubespine-Villeroy (1546-1596), wife of Secretary of State Nicolas IV de Neufville-Villeroy, lady of honour of Catherine de' Medici, woman of letters whom Ronsard considered his “spiritual daughter”. The garden of Chanteloup housed an extraordinary set of topiaries (carved shrubs), automata, statues, models and fountains, which recreated Roman civilization and offered an initiatory, stoic-Christian course to the walker.

Le jardin du château de Chanteloup (Saint-Germain-lès-Arpajon), propriété des Villeroy-Neufville, fut une des merveilles de la Renaissance française, qui pouvait rivaliser avec les grands jardins italiens du temps. Perrine Galand-Willemen et Matthieu Dejean font revivre cette exceptionnelle création artistique dans son contexte historique et intellectuel. Les auteurs ont travaillé à partir de plusieurs guides de voyages et d’un long poème latin intitulé Cantilupum (Paris, 1587 ; 1588), qui décrit les méandres du jardin. Cantilupum fut écrit par Madeleine de L’Aubespine-Villeroy (1546-1596), épouse du secrétaire d’Etat Nicolas IV de Neufville-Villeroy, dame d’honneur de Catherine de Médicis, femme de lettres que Ronsard considérait comme sa « fille spirituelle ». Le jardin de Chanteloup abritait un ensemble extraordinaire de topiaires (arbustes sculptés), d’automates, de statues, de maquettes et de fontaines, qui reconstituait la civilisation antique et offrait un parcours initiatique, sto¯co-chrétien, au promeneur.

Plus d'informations ici.

L'Astrée - 3e partie (éd. crit. dir. par Delphine Denis)
Posted: 8 Apr 2022 - 06:12

L'Astrée - 3e partie, éd. crit. dir. par Delphine Denis, Paris, H. Champion, 2022.

Un siècle après l’Arcadia de Sannazar (1504), L’Astrée marque l’achèvement de la conquête de l’antique fable pastorale par les littératures européennes en langues vulgaires : paru entre 1607 et 1628, le roman d’Honoré d’Urfé est le dernier des grands chefs-d’œuvre nourris de la veine des histoires de bergers. Mais la narration des amours d’Astrée et Céladon dans la Gaule du Ve siècle inaugure aussi une nouvelle époque de la littérature française. Premier des grands récits publiés au moment où la France répare les plaies nées des guerres de Religion, l’œuvre est très vite apparue comme une étape décisive dans l’art du roman, en même temps que, par sa philosophie de « l’honnête amitié », elle s’est imposée à ses lecteurs comme une référence commune, offrant ainsi la mémoire littéraire des manières de sentir et d’aimer de l’âge classique.

Le présent volume livre le texte de la troisième des cinq parties de L’Astrée, précédé d’une introduction qui en dégage la couleur propre : tandis que Céladon, sous un travestissement féminin, goûte un bonheur fragile auprès d’Astrée, dans les cours princières l’Amour apparaît plus que jamais menacé par le Pouvoir, et le monde arcadien des bergers est précipité dans le temps de l’Histoire.

L'édition est parue en deux formats: informations ici et ici.