Honoré Champion, 2020. ISBN 9782745353740. 376 p. 55€.
Souvent, les Mémoires sont intégrés à la pratique des écrits du for privé, intimes et personnels. Le présent ouvrage propose d’envisager l’écriture des mémorialistes nobles de la seconde moitié du XVIe siècle à la première moitié du XVIIIe siècle à l’aune d’une écriture de l’idéal familial. La famille permet ainsi de lire à nouveaux frais ces textes pour y voir non plus exclusivement l’expression d’un « je » singulier, mais en réalité d’un « je-nous », d’une identité qui se fait à la fois singulière et collective. Les mémorialistes de la Première Modernité, de Monluc à Saint-Simon, investissent, dans leurs ouvrages, un espace au sein duquel refonder les valeurs de la lignée noble pour affirmer une image d’eux-mêmes au sein de l’espace social et curial. À cet effet, ils fabriquent un récit familial, une légende de la maison à transmettre au gré de mythes familiaux, de généalogies, de motifs qui participent d’une « mémoire artificielle » à valeur lignagère. Les auteurs construisent une fiction de solidarité au sein d’une famille choisie, qui reconfigure les frontières de la parenté objective pour intégrer à une parenté rêvée des personnages et des collectifs que seule l’écriture des Mémoires peut instituer en membres d’une famille d’encre.
Professeur agrégé de Lettres Modernes, Yohann Deguin est docteur en langue et littérature françaises des universités de Lorraine et de Neuchâtel et ancien boursier de la Fondation Thiers – Centre de recherches humanistes de l’Institut de France.
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