PUF, 2019. ISBN: 978-2-13-081514-3. 360 p. 25€.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les prisons ont été des espaces d’autonomie, voire de liberté, pour les minorités religieuses clandestines des XVI e -XVIII e siècles. Récusants catholiques dans l’Angleterre protestante, crypto-protestants français après la révocation de l’édit de Nantes, morisques et marranes qui pratiquaient l’islam ou le judaïsme dans l’Espagne inquisitoriale, en ont fait des lieux de résistance, de culte et de sociabilité. Ils y ont laissé des graffiti, rédigé des lettres ou des livres, propagé des rumeurs et dissimulé des objets. L’expérience de l’incarcération et la figure du détenu ont alors acquis une fonction centrale dans la construction de ces communautés, dont la résistance à la répression passait par le sentiment du sacré et l’usage du secret.