Philippe Cornuaille, Les Décors de Molière (source: Philippe Cornuaille)

 Philippe Cornuaille, Les Décors de Molière 1658-1674 aux Presses de l’université de Paris-Sorbonne, dans la collection Theatrum mundi dirigée par M. Georges Forestier.

 

De longue date, voulant monter une comédie de Molière, les metteurs en scène ont projeté sur le plateau leur vision personnelle de ses décors. Mais à quoi ressemblaient-ils vraiment, ces décors, du temps du dramaturge, lors de leur toute première création ? Curieusement peu d’ouvrages se sont intéressés aux contingences matérielles des théâtres de l’époque, et aucun n’a vraiment abordé l’ensemble de son œuvre sous cet aspect. Pourtant, tenter d’avoir une vision réaliste de tous les décors de Molière, créés de son vivant, est une entreprise exaltante. On se replonge dans l’univers du théâtre ancien, fait de chanvre, de châssis de bois et de toiles peintes, de machines qui coulissent, et de tout un monde qui s’affaire pour qu’un spectacle soit mis en œuvre, souvent dans l’urgence. Molière a diversifié l’écriture de ses pièces ; il en va de même pour leur image scénique. Une partie non négligeable de ses comédies fut créée à la Cour. Les effets spéciaux sont époustouflants d’invention. Mais la plupart des pièces connues aujourd’hui par le grand public furent créées à la Ville, au théâtre du Palais-Royal, dont nous allons redécouvrir l’architecture grâce à des plans et des documents pour la plupart inédits. La scène se passe en extérieur, aux carrefours des rues, ou en appartement, dans la salle basse d’une maison bourgeoise, ou encore dans un salon sophistiqué. Parfois, le décor change plusieurs fois au cours du spectacle : le jeu se déroule alors dans des jardins magnifiés ou dans une grotte, dans un château enchanté ou dans un temple majestueux tout en colonnes de marbre feints. L’ambition de cet ouvrage est d’aborder l’œuvre de Molière – si souvent commentée –, sous un angle nouveau, de faire redécouvrir quelques-unes de ses créations dont l’écriture ne pouvait se passer de mise en scène, de rester toujours au plus près d’une réalité historique, technique et matérielle, afin de faire voir toutes ses comédies en restituant le mouvement turbulent d’un spectacle vivant.

 

 

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