Brienne le Jeune, Mémoires Tome I Première rédaction, 1re partie (1682-1684), éd. J. Delon, Paris, Honoré Champion, 2022.
Cette édition des Mémoires de Brienne le Jeune reproduit intégralement le texte des manuscrits autographes, à la différence de celles de F. Barrière (1828) et de P. Bonnefon (1916-1919) qui n’avaient pas eu accès à tous les originaux, et qui ont pris, en outre, des libertés avec les documents dont ils disposaient. L’œuvre comporte deux rédactions successives, espacées de plus de douze ans. Elle est riche d’enseignements historiques sur la régence d’Anne d’Autriche et le règne de Louis XIV. L’auteur a vécu près de la famille royale et de Mazarin : dès son enfance, comme garçon d’honneur du jeune roi, puis secrétaire d’État, survivancier de son père aux Affaires étrangères. Le présent volume correspond à la 1re partie de la Première rédaction, achevée en 1684, pendant son internement à Saint-Lazare. Elle va de la fin du ministériat de Richelieu au début du règne personnel de Louis XIV.
Brienne écrit cavalièrement, à plume courante, peu soucieux de chronologie, dédaigneux de l’application des écrivains de métier. Cela n’empêche pas qu’il excelle dans les anecdotes, les dialogues, les scènes théâtrales. Il renouvelle, en outre, le genre des Mémoires, en y insérant, pour plus de diversité, des poésies, des lettres, un récit de voyage… Figure incontournable des lettrés de son temps, il a été mêlé à la vie ou à l’œuvre de la plupart d’entre eux.
Le tome II des Mémoires de Brienne le Jeune comporte deux ensembles distincts : la 2e partie de la Première rédaction et l’intégralité de la Seconde. Le premier forme une unité à part. Il s’agit de la traduction incomplète de l’Itinéraire européen rédigé en latin plus de vingt ans auparavant (1660-1662). Cette reprise en français qui porte la date de 1683 a été composée en parallèle avec la 1re partie de la Première rédaction (1682-1684).
La Seconde rédaction a été écrite en 1696-1697. L’auteur n’avait pas sous les yeux le manuscrit de la Première : ses papiers confisqués après sa disgrâce ne lui ayant pas été restitués. C’est pourquoi, plutôt que d’aborder d’emblée le règne de Louis XIV, il préfère s’attarder à nouveau sur le ministère du cardinal Mazarin, par crainte que son témoignage antérieur ne soit à jamais perdu. Il a mis à contribution les loisirs de sa retraite à Château-Landon pour satisfaire sa passion d’écriture, pour ressusciter les débuts prestigieux de sa carrière et fustiger les responsables de sa chute.
D’une Rédaction à l’autre, le narrateur est souvent amené à évoquer les mêmes thèmes. Cependant, sa démarche témoigne d’une distanciation par rapport au passé. Elle se traduit par un style plus sobre, plus alerte et plus maîtrisé.