Le Principe de plaisir. Esthétique, savoirs et politique dans la Florence des Médicis (XVIe-XVIIe siècle)
Ce livre raconte plusieurs histoires en une. D’une part, celle d’une des académies les plus originales et les plus productives de la fin de la Renaissance florentine, l’académie des Alterati (1569-ca. 1630). D’autre part, celle d’un groupe social restreint, constitué de quelques dizaines de jeunes patriciens florentins que le pouvoir médicéen ne voyait pas d’un bon œil parce que leurs ancêtres avaient lutté pour maintenir la République oligarchique. Ces jeunes nobles firent de leur académie un lieu où occuper leurs loisirs et partager leurs plaisirs — artistiques et autres —, mais aussi un collectif où travailler ensemble à leur intégration dans la société de cour médicéenne.
En troisième lieu, ce livre raconte l’histoire d’un corpus de documents, aujourd’hui dispersé, mais qui constituait jadis le fondement de toutes les activités des « Altérés ». Ces milliers de folios de documents, pour l’essentiel restés à jamais manuscrits — et très largement inexplorés — contiennent des discours académiques, des lettres, des registres d’activité, des dialogues, des poèmes collectivement corrigés, etc. Leur analyse permet de suivre au jour le jour les activités des Alterati pendant près de six décennies, et d’examiner, à travers la forme matérielle que prirent leurs travaux, comment émergèrent en leur sein, au fil de leurs débats, des horizons intellectuels collectifs.
Par l’entrelacement constant de ces trois histoires, ce livre en raconte enfin une quatrième : celle des actions, activités et discours qui, au sein de l’académie des Alterati, ont participé à la constitution de l’esthétique en savoir (et en savoir-faire) d’un type nouveau. À travers le cas des Alterati, ce livre pose ainsi la question de la formalisation des savoirs et pratiques esthétiques qui sont aujourd’hui les nôtres — et celle des liens entre leur émergence et la montée en puissance de l’autoritarisme politique moderne, au sein des aristocraties européennes de la première modernité.