Mardi 5 juin 2019
Journée d'étude organisée par l’équipe éditoriale “Joyeuses Inventions”
en partenariat avec l’Institut des Textes et Manuscrits Modernes
et l’Institut Universitaire de France
La journée d’étude “Circulation des écrits de la première modernité et humanités numériques” vise à mettre en perspective les premières réflexions méthodologiques et épistémologiques menées dans le cadre du séminaire “Génétique éditoriale de la première modernité” (dir. Anne Réach-Ngô & Richard Walter), initié à l’ITEM en octobre 2016. Consacré aux enjeux de l’édition numérique des écrits de la première modernité, le séminaire s’intéresse aux modalités d’investigation et de restitution de corpus complexes, fondés sur la variabilité, la modularité et la sérialité. Alliant l’exploration d’outils et de méthodes (base de données, corpus et bibliothèque numériques, édition critique) à la présentation de projets numériques (voir les programmes 2016-2017, 2017-2018, 2018-2019), le séminaire a donné lieu à un atelier d’édition numérique visant à en expérimenter les pistes de recherche.
Cet atelier a pris pour objet d’analyse un recueil collectif de poésies, le Thresor des joyeuses inventions du parangon de poésies, qui a connu quatre éditions très différentes, entre 1554 et 1599 (voir présentation du projet et équipe éditoriale). Les remaniements des recueils, menés sur plus d’un demi-siècle, en font une véritable caisse de résonance de l’actualité éditoriale du temps en matière de production poétique. Observatoire précieux des pratiques d’emprunt d’un recueil à l’autre, de la circulation des textes et de la reconfiguration du recueil suivant les attentes du public, l’édition critique de cet ouvrage collectif de poésies présente de nombreuses difficultés, qui tiennent aussi bien à la singularité du régime textuel de ce type d’ouvrages (instabilité textuelle, anonymat, attributions erronées, réécritures, etc.) qu’aux méthodes et pratiques de l’édition critique proprement dite (choix d’une édition-pivot, étude des variantes suivant une perspective téléologique, etc.) : comment publier sur un même support les diverses versions d’un même ouvrage lui-même à géométrie variable ? comment restituer la genèse éditoriale des poèmes qui composent ces recueils, si l’on intègre à leur édition critique leurs multiples occurrences, parfois en des formes et sous des titres différents, dans d’autres recueils parus précédemment ? comment, enfin, rendre compte de la circulation des textes (intertextuelle, auctoriale, générique) et des réseaux (entre auteurs, traducteurs, compilateurs, imprimeurs-libraires) qui animent la production et la diffusion des écrits littéraires de la première modernité ?
Sans prétendre proposer des méthodes et des outils éprouvés qui viendraient répondre à tous ces questionnements, les humanités numériques enrichissent la réflexion d’autres interrogations qui invitent à renouveler l’appréhension de ces corpus : comment transcrire les textes de ce type d’œuvres suivant une perspective génétique et quelles pratiques d’annotation engager ? quelle place accorder aux outils d’interrogation et de visualisation ? quels logiciels employer pour un travail collaboratif sur un même projet d’édition numérique ? La détermination de descripteurs propres au projet et de formats standardisés (notamment autour de XML-TEI) doit-elle s’adapter aux spécificités du corpus dans sa singularité ou favoriser l’interopérabilité et la mise en réseau des projets qui traitent de corpus apparentés ? quels accès favoriser auprès des lecteurs traditionnels de ces textes et comment en renouveler les parcours de lecture et d’exploitation ? d’un point de vue éditorial, informatique mais aussi institutionnel (financement, hébergement, maintenance, partenariats), comment assurer la pérennité des données et leur valorisation ?
La journée du 4 juin 2019 sera l’occasion de confronter les premiers résultats issus de ces réflexions avec d’autres projets de recherche qui portent sur des corpus écrits de la première modernité, suivant des perspectives diverses (littérature, histoire du livre, histoire culturelle et histoire des idées, musicologie et iconographie). Les éclairages apportés, issus de méthodologies différentes, mettront en évidence l’impact des choix éditoriaux, à la fois scientifiques et techniques, sur la définition de l’objet étudié, conduisant à examiner la contribution des humanités numériques à l’élaboration d’une méthodologie propre à l’édition critique des œuvres littéraires de la première modernité. De l’association de ces perspectives émergera sans aucun doute un ensemble de problématiques communes qui nourriront la mise en œuvre de collaborations nouvelles.
Les propositions, d’environ 400 mots, seront envoyées, accompagnées d’une brève présentation bio-bibliographique, à anne.reachngo@yahoo.fr et richard.walter@ens.fr avant le 5 novembre 2018.
Comité d’organisation :
Équipe éditoriale “Joyeuses Inventions” : Magda Campanini, Sylvie Giraud, Marine Parra, Carole Primot, Anne Réach-Ngô, Côme Saignol, Miriam Speyer, Richard Walter.
Calendrier :
5 novembre 2018 soumission des propositions
15 novembre 2018 réponse aux auteurs
30 novembre 2018 publication du pré-programme