Perpétuellement sollicités par l’environnement avec lequel ils entrent en relation, les sens réagissent et provoquent des sensations, des émotions, des sentiments de plaisirs ou de déplaisirs (Fechner 1966 (1860)). L’histoire des sens s’inscrit au sein de celle des sensibilités et permet une meilleure compréhension, un discernement plus précis « du dessin de l’imaginaire social » (Corbin 1990). Le goût, l’odorat, le toucher, l’ouïe et la vue répondent à tout stimulus de manière variée et complexe. Difficile à saisir et à cerner, il est toutefois possible de brosser un portrait du corps sensoriel qui émerge au sein de la société de l’Ancien Régime. L’époque moderne, du XVIe au début du XIXe siècle, catalyse la genèse des pratiques culturelles liées aux loisirs et aux divertissements : théâtre, musée, exposition temporaire, promenade, jeu de cartes ou de table, café, taverne, foire, jardin, voyage. Ces activités placent l’individu dans un cadre spécifique, au cœur d’une action ; action qui incite et excite chacun des sens, à des degrés divers. Les cinq sens, toujours en veille, ne demandent qu’à s’émouvoir, s’épanouir et s’exprimer. Il ne reste plus qu’à cueillir les témoignages et à tenter de relever les caractéristiques, les limites et la substance de chacun des sens.
Ce colloque entend cerner, définir et de comprendre la manière dont les sens sont interpellés et réagissent lors des activités de loisirs et de divertissements au cours du long XVIIIe siècle. Le promoteur, celui qui organise l’activité, cherche-t-il à pousser ou repousser le participant ou le spectateur dans ses retranchements pour provoquer un ensemble de sensations, de sentiments ? Le fait-il consciemment ? Quelles sont ses intentions ? De quelle manière s’y prend-il ? Parvient-il à son dessein ? Le participant ou le public, celui qui entre en action lors de ces activités, appréhende-t-il les effets, les émotions qui germeront tout au long de l’activité ? S’y prépare-t-il ? De quelle manière négocie-t-il avec ? Les 5 sens, ceux qui sont (re)liés aux organes de la perception, se définissent et réagissent au contact de l’environnement, du lieu ou des autres. De quelles manières le font-ils ? Quelles sont leurs réactions ? Quels sont les sens les plus sollicités, et pourquoi ? Ces quelques axes proposés ne sont en rien exhaustifs, au contraire, ils portent la diversité et la complexité du propos.
Pluridisciplinaire, cette rencontre se veut un laboratoire de réflexion sur les projets en cours et les diverses approches qui s’intéressent à l’histoire des sens dans le cadre des loisirs et des divertissements au cours du long XVIIIe siècle, et ce, au sein des diverses disciplines des sciences humaines : histoire de l’art, littérature, philosophie, sociologie, histoire, etc.
Le présent appel à communications sollicite donc des propositions qui permettront de mieux comprendre les fondements et les limites de ce corps sensoriel qui émerge à l’époque moderne.
Inédites, les communications ne devront pas dépasser les trente minutes allouées à chaque participant.Les propositions de communication (titre et résumé de 250 mots, affiliation institutionnelle) devront être envoyées au comité avant le 15 septembre 2017 aux deux adresses suivantes : isabelle.pichet@uqtr.ca et laurent.turcot@uqtr.ca
Bibliographie :
Alain Corbin, « Histoire et anthropologie sensorielle », Anthropologie et Sociétés, vol. 14, no2, 1990, p. 13-24.
Gustav Fechner, Elements of Psychophysics, New York, Holt, Rinehart and Winston, 1966 (1860).