L’humain face à lui-même dans les arts vivants
Temps, espace, récit
du 21 au 23 août 2015
à Göreme (Nevşehir) - Turquie
Journées internationales de rencontre et de réflexion, organisées dans le cadre du Programme CSD 3, financé par l’Union Européenne et la République de Turquie (www.siviltoplumdiyalogu.org), projet “Contemplations” (http://contemplationsproject.com), dirigé par le CRT St. Blaise (Paris) (http://ideogramarts. com) et GÖRSEM (Ortahisar- Turquie).
L’étymologie du mot « théâtre » nous rappelle sans cesse que les arts vivants ont vocation à plonger l’humain dans une certaine forme de contemplation. Un état où sans chercher à vivre, il vit. Sans chercher à ressentir, il ressent. Sans chercher à exister, il existe. Sans rien chercher, sans rien vouloir, il est ; il est saisi, il saisit le monde et il apprend à se connaître lui-même dans le reflet de la pupille de l’autre, comme le disait Socrate.
Pourtant, au début de notre siècle, le monde en général et celui des arts vivants en particulier semble être voué à une mutation en profondeur, qui pourrait faire craindre la manifestation, à travers les œuvres, les choix de programmation et la transmission des pratiques, d’un changement de visage de l’humanité elle-même.
Et l’on pourrait se trouver aujourd’hui dans la situation de se demander si au nom de l’art et de la culture, l’on n’est pas en train de contribuer à cette transformation de l’humain et ce, à bien des titres. Car au fond, les arts (a fortiori, les arts vivants) ne sont-il que des ensembles d’activités à vocation esthétique ? Ne s’agit-il pas également d’un moyen infiltré dans les pensées, les modes de vie, les manières d’être et qui influence directement certains aspects de l’humain ? – Parce qu’ils sont associés à une certaine hiérarchisation des pratiques culturelles, les arts vivants en général semblent devoir aujourd’hui échapper de manière consensuelle à cette dénonciation de l’utilisation du « temps de cerveau disponible » que dénonçait Michel de Certeau – mais est-ce véritablement le cas ? - L’on peut penser très concrètement, par exemple, à ce que recouvre l’expression dangereuse « d’industries culturelles ».
Dans cette perspective, il semblerait bien que coexistent différentes manières d’appréhender la relation et les effets de réciprocité entre les arts et l’humain, aujourd’hui. Lors de ces journées de rencontre et de réflexion, il s’agira de tâcher de cerner cette interrelation du point de vue du contexte socio-culturel actuel, dans lequel l’on ne sait plus bien finalement si c’est l’humain qui produit l’art ou l’art qui produit l’humain, au risque de transformer ce dernier en rouage de sa propre mutation. Et cela au nom d’intérêts esthétiques ou culturels, faisant perdre dans le processus de création tout sens échappant aux intérêts de la « colonisation de la vie intérieure ».
Ces questions sont transversales à de nombreux domaines d’études, et à différents niveaux – nul n’est besoin de les énumérer tant ils abondent. L’objet de ces journées de rencontre et de réflexion sera tout d’abord de rassembler des questions et les manières de poser celles-ci, à travers un regard porté sur la création artistique vivante contemporaine, ainsi qu’à travers le filtre des traditions. Plutôt que d’offrir ou d’attendre des réponses “prêtes à étudier”, nous partons du principe que nous nous situons dans un temps où il semblerait tout d’abord judicieux de reposer les jalons d’une interrogation juste.
Ainsi, nous souhaiterions envisager ces journées de réflexion et de rencontre comme un espace-temps privilégié pour permettre à des spécialistes et des professionnels (artistes, théoriciens, programmateurs, diffuseurs, formateurs), de partager observations et questions sur le thème de l’accomplissement de l’humain dans les arts, face à l’angoisse exponentielle d’une transformation généralisée, dont l’issue reste indéterminée et dans la perspective d’un questionnement profond
- sur ce qui fait acte de transmission artistique,
- sur ce qui motive les pratiques et les esthétiques,
- sur les choix de programmation que cela implique en termes de politiques culturelles dans le monde d’aujourd’hui.
Nous proposons d’aborder cela à travers trois champs majeurs et transversaux que sont les problématiques liées au temps, à l’espace et au récit dans les arts vivants, en tant que modalités de représentation de l’humain par le moyen de lui-même.
Les journées de rencontre se dérouleront selon le principe de la mise au travail de 6 groupes de 5 personnes travaillant dans une langue commune (voir ci-dessous), et qui proposeront une intervention collective d’une durée de 30 minutes (suivies de 30 minutes d’échange avec la salle), lors d’une conférence finale.
Par ailleurs, les articles individuels de chaque participant seront publiés dans un ouvrage collectif, aux éditions Ideogram Théâtre.
Une question sera abordée par chaque groupe, à partir des pistes suivantes :
1. Temps et accomplissement
Mots-clefs : passé-présent-futur, atemporalité, supra-temporalité, accomplissement, devenir
a. Quelle(s) temporalité(s) des arts vivants hier, aujourd’hui, demain? (en turc et anglais)
b. Devenir artiste, est-ce s’accomplir en tant qu’humain? Devenir humain, est-ce s’accomplir en tant qu’artiste ? (en français et anglais)
2. Espace de vie, espace vivant
Mots-clefs : lieu, non-lieu, mise en scène, technologie, architecture, programmation
a. Lieux d’arts, lieux de communion : quels espaces, pour quelles mises en scènes? (en français et anglais)
b. Comment les lieux d’art sont-il des lieux de vie ? (en turc et anglais)
3. L’humain dans le récit
Mots-clefs : méta-récit, sécularisation, mythe, histoire, héros
a. Quel est le statut du récit dans les arts vivants, vis-à-vis de la mise en représentation de l’humain? (en turc et anglais)
b. Le vivant et l’humain sont-il encore des conditions de mise en oeuvre des arts de la scène aujourd’hui? (en français et anglais)
Les propositions d’article de 250 mots maximum en français, turc ou anglais, accompagnées d’une présentation individuelle de 5 lignes maximum seront envoyées avant le 15 mars 2015 à contemplations.project@gmail.com.
Chaque proposition devra mentionner dans le corps du texte, la référence de la question dont elle relève (notée sous la forme 1.a, b, etc.).
NOTA BENE : Les propositions d’articles concernent la publication de l’ouvrage collectif. Les contributeurs participeront également aux journées de rencontre et de réflexion. Leur intervention orale sera incluse dans un travail collectif mené sur place (il ne s’agira donc pas de présenter à l’oral la proposition d’article qui nous aura été adressée).
La décision du comité sera communiquée par email, le 10 avril 2015 au plus tard. Les articles rédigés devront être envoyés sous leur forme définitive au maximum le 03 juin 2015.