19-20 novembre 2020
Université de Rouen (Maison de l'université, campus de Mont-Saint-Aignan)
Centre d’Études et de Recherche Éditer/Interpréter (EA 3229)
Comité d’organisation :
Caroline Labrune (université de Rouen-Normandie),
Servane L’Hopital (Lycée Malherbe de Caen),
Victoire Malenfer (université de Rouen-Normandie),
Tony Gheeraert (université de Rouen-Normandie)
En novembre 2020, Bérénice aura 350 ans. C’est en novembre 1670 en effet que Racine transforma la scandaleuse reine juive dont les historiens anciens nous avaient laissé le portrait, en une amante sublime et résignée, héroïne du renoncement, digne par son sacrifice de rejoindre la galerie des grandes amoureuses de la littérature. La mise en scène du théâtre des Crescite, à la Maison de l’université à l’automne 2018, atteste de ce succès persistant de Bérénice, l’une des pièces les plus aimées et les plus jouées du répertoire racinien. Alain Viala la tient pour l’expression la plus chimiquement pure d’un tragique fondé sur la simplicité et l’intensité passionnelle : selon lui, Bérénice représente pour Racine “sa formule de la tragédie… une formule ‘hyperracinienne’… l’invention de la racinianité”. Mais, au cours de son histoire, la pièce fut bien plutôt considérée comme une exception, voire une erreur dans le parcours du dramaturge: dès l’époque de sa création, et plus encore au temps des Lumières et pendant l’époque romantique, Bérénice fit l’objet de vifs reproches, au motif que sa tonalité élégiaque et galante nuisait à son efficacité dramatique. “Voilà, sans contredit, la plus faible des tragédies… Ce n’est même pas une tragédie”, estimait Voltaire. Il fallut attendre les interprétations de Sarah Bernhardt et de Julia Bartet, à la fin du XIXe siècle, pour que la pièce retrouve régulièrement les honneurs de la scène et le chemin du succès. Au siècle dernier, Bérénice fit l’objet d’interprétations audacieuses et controversées qui reflétaient les préoccupations de leur temps – la politique chez Gaston Baty en 1946, l’incommunicabilité chez Planchon 1965, ou encore, chez Jacques Lassalle en 1990, l’intérêt polémique pour un “autre Racine” que celui légué par la tradition scolaire.
Ce sont ces visages successifs et contradictoires de Bérénice et de son personnage éponyme que nous nous proposons d’interroger les 19 et 20 novembre 2020, en explorant d’une part l’évolution du discours critique et des différentes mises en scène qui ont jalonné l’histoire de cette tragédie, et d’autre part en dégageant les grandes tendances des interprétations actuelles.
Les propositions de communication (limitées à 300 mots et accompagnées d’un bref C.V.), sont à envoyer avant le 15 février 2020 à tony.gheeraert@univ-rouen.fr