« Les compétences des femmes en matière de théâtre, roman, poésie, essais et lettres, brochures pamphlets, articles de journaux ainsi que dans le domaine de la traduction ont notoirement contribué à la culture et à la société du temps, et en ont infléchi le cours »[1], ainsi s’exprime, dans un ouvrage de synthèse récent sur l’écriture féminine au XVIIIe siècle en France, Christie McDonald, en évoquant une réalité qu’un nombre croissant de travaux ne cesse d’explorer depuis des décennies en Europe et ailleurs.
Ce colloque entend apporter une contribution aux recherches qui visent à donner une visibilité et une évaluation critique aux « compétences » intellectuelles des femmes, en ciblant particulièrement le domaine théâtral. Pour cela, il entend comparer les situations et les évolutions en Europe du XVIIe au XIXe siècle. En effet, durant cette période, semble se développer une « volonté commune d’affirmer l’auteurité féminine »[2]. Le colloque s’intéressera donc à cette affirmation progressive.
Du XVIIe au XIXe siècle, le théâtre semble occuper une place intermédiaire, pour ce qui est de l’accessibilité des femmes à la création intellectuelle et artistique, entre la poésie, le roman, le journalisme, l’écriture épistolaire – des genres qu’elles pratiquent de plus en plus, donc objets de la recherche contemporaine – et l’essai érudit ou scientifique, la prose historique, le poème épique entre autres, considérés par la société intellectuelle du temps comme plus élevés, fréquentés dans une proportion bien moindre par les femmes.
Cet espace « intermédiaire » pourra être interrogé selon quatre axes principaux, quoique non exclusifs :
L’exploration des œuvres des dramaturges et librettistes qui écrivent pour la scène (nombreuses) et qui arrivent à se faire représenter ou à mettre en scène elles-mêmes leurs pièces (beaucoup moins nombreuses).
L’activité des traductrices de théâtre et des critiques femmes qui écrivent des comptes-rendus des spectacles ou du théâtre imprimé.
La participation des femmes aux discussions esthétiques et théoriques sur le théâtre et à la promotion, la circulation et la représentation des pièces.
Le travail des actrices œuvrant en contact avec les dramaturges dans la construction de leurs personnages et de la mise en scène théâtrale.
On pourra en particulier se demander comment écrivent les femmes et ce qu’elles écrivent des femmes, autrement dit comment les femmes investissent ces champs, étant donné la contrainte qui pèse sur leur rôle social et donc sur leur production littéraire et critique. Il sera intéressant d’explorer les subtilités de leur discours implicite afin de voir si émerge une poétique du féminin propre à certaines aires culturelles ou plus largement européenne.
Les propositions de communication (2000 signes environ), assorties d’une brève notice bio-bibliographique, sont à envoyer pour le 30 avril 2024 conjointement à Morgane Kappès-Le Moing (Morgane.Kappes@univ-st-etienne.fr), Fanny Platelle (Fanny.Platelle@uca.fr) et Paola Roman (Paola.Roman@uca.fr).
Langues de travail : le français est encouragé, l’allemand, l’espagnol, l’italien et l’anglais sont possibles.
Comité d’organisation :
Morgane Kappès-Le Moing, maîtresse de conférences en civilisation et littérature espagnoles, IHRIM (UMR 5317), Université Jean Monnet Saint-Étienne.
Fanny Platelle, maîtresse de conférences en études germaniques, CELIS (UR 4280), Université Clermont Auvergne.
Paola Roman, maîtresse de conférences en études italiennes, CELIS (UR 4280), Université Clermont Auvergne.
Lieu : Maison des Sciences de l’Homme, 4 rue Ledru, 63057 Clermont-Ferrand
[1] Martine Reid (dir.), Femmes et Littérature : une histoire culturelle, I Moyen Âge-XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, 2020, Quatrième partie. Le dix-huitième siècle 1715-1793, « Introduction » par Christie McDonald, p. 721.
[2] Isabelle Rouane Soupault, Une si vertueuse audace… Les femmes dramaturges dans l’Espagne du XVIIe siècle, Aix-en-Provence, Presses Universitaires de Provence, 2021, p. 59.