CFP: New Frontiers of the Self and Society in the Early Modern French Atlantic

18-19 May 2017

Proposals due 20 December 2016 

Nantes Institute for Advanced Studies /Maison des sciences de l’homme Ange Guépin (Nantes) 

Colloquium organized by Daniella Kostroun (Indiana University--Purdue University, Indianapolis / Nantes- IAS) and Yann Lignereux (University of Nantes)  

Sponsored by the Research Center for International and Atlantic History (CRHIA); Labex "Writing a New History of Europe"; The "STAtutes,  'RAces,' and 'COlors,' in the Atlantic from Antiquity to the Present" program; and the Nantes Institute for Advanced Studies.   

The political, social, and religious systems of Old Regime France were designed and built on traditional, classical ideas about hierarchy and order in ways that promoted an ideal of a stable, self-reproducing system, one that was immune to the changes and contingencies of the passage of time. But what happened to these systems when they were contested and disrupted by the increase in commercial activity and the movement of people across the Atlantic Ocean in the 16th-18th centuries?  What were the effects, on individuals and on the society in which they lived, of this new "disorientation" of institutions, families, and self-representations?  What degrees of disorientation did this experience of alterity present, perhaps less in the matter of discovering of other places than in the process of self-discovery that occurred in the hearts and souls of the individuals involved. 

We explore these questions because the disorientation that resulted from colonial enterprises was a process that unfolded at the very heart of a worldview, one that had its traditional certainties and tenets challenged, weakened, and overturned.  Assumptions about our human nature, our relationship to the divine, the essence of our political behavior, and our need to build societies fell subject to what Jean Rohou has called the "revolution of the human condition" in the 17th century.  The disorientation experienced by the men and women who engaged in the Atlantic adventure was not just a test of distance, but a process of distanciation.  Whether this process occurred slowly and imperceptibly or with incredible speed, it carved into individual consciences and the collective imagination new divides that were possibly as daunting as the ocean that had to be crossed. Was the long voyage from the old France to Canada or the Antilles, made out of fear or out of hope, an opportunity for liberation? Was the New World a place for renewal?  Moreover, were these strangers in new worlds susceptible to an estrangement from themselves as they confronted new intersections of intimate, personal, communal and collective spheres?

These questions of the self, of the intimate, and of ipseity, have a history and a genealogy in the sources of their own. They are embedded in the accounts of the discovery and exploration of new lands in the Americas and of the peoplesliving there. We find, either explicitly or in indirect ways, in the administrative documents, personal letters, religious treatises, and literary texts, and other genres--including all other forms of artistic expression-- discourses relating to peoples’ fears and hopes surrounding the effects of the specific detachment at work as they crossed and inscribed themselves in these new worlds. 

The goal of this colloquium is to shed light on these fragile discourses and to take stock of them.  They are fragile because they are at the cusp of what has since become an edifice demarking differences that have been protected, constructed, and overstated in subsequent centuries. In specifying how French men and women perceived this distanciation amongst themselves, this colloquium will help us understand how they interacted--whatever the nature of their projects in the Atlantic--with each other and with the other people whom they came to see as fundamentally other.  It will also help us to think more generally about the problems France faced when it sought to uphold an ideology of stability and order in a world that was in reality shifting and demanding constant negotiation. 

 

Please submit paper proposals in French or English (350 words approximately) and a short CV to the two organizers by December 20, 2016. (dkostrou@iupui.edu ; yann.lignereux@wanadoo.fr). 

 

Scientific Committee

Virginie Chaillou-Atrous (Labex « EHNE » / University of Nantes)

Antonio de Almeida-Mendès (University of Nantes/ Staraco)

Daniella Kostroun (Indiana University--Purdue University, Indianapolis / Nantes-IAS)

Françoise Le Jeune (University of Nantes / CRHIA)

Yann Lignereux (University of Nantes / CRHIA)

Annick Peters-Custot (University of Nantes/ CRHIA)

 

 

Les nouvelles frontières du soi et de la société dans le monde atlantique français à l’époque moderne

18-19 mai 2017 

Institut d’études avancées de Nantes/ Maison des sciences de l’homme Ange Guépin (Nantes) 

Colloque organisé par Daniella Kostroun (Indiana University, Purdue University-Indianapolis/IEA Nantes) et Yann Lignereux (Université de Nantes) 

Avec le soutien du Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique, du Labex « Ecrire une Histoire Nouvelle de l’Europe », du programme « STAtuts, « RAces » et COuleurs dans l’Atlantique de l’Antiquité à nos jours » et de l’Institut d’Etudes Avancées de Nantes.

 

Les systèmes politiques, sociaux et religieux de la France ont été, durant l’Ancien Régime, pensés et édifiés sur la base d’idéologies, classiques et traditionnelles, de hiérarchie et d’ordre comme elles se sont fondées sur un idéal de stabilité et de reproduction du semblable pour conjurer la diversité et la contingence de la succession. Comment ces systèmes ont-ils alors été affectés, perturbés et possiblement contestés par l’essor du mouvement des individus et du commerce à travers l’océan atlantique aux XVIe-XVIIe siècles ? Quels sont les effets, sur l’individu et la société dans laquelle il vit, de cette nouvelle « désorientation » des institutions, des familles et des représentations personnelles ? Quels degrés de différenciation sont-ils dès lors introduits à travers l’expérience d’une altérité qui serait peut-être moins celle rencontrée dans la découverte de l’ailleurs que celle qui se découvre précisément dans le cœur et l’âme d’un chacun ?

Parce qu’elle se réalise au sein d’un monde au sens le plus exact du terme désorienté dans lequel les certitudes et les traditions sont assaillies, blessées et peut-être renversées, n’épargnant pas même la nature ou le sens de la relation des hommes à la divinité ni l’essence politique de l’humanité ou encore sa vocation à faire société, parce que donc elle ne peut être pensée indifférente ou étrangère à ce que Jean Rohou a pu appeler la « révolution de la condition humaine » du XVIIe siècle, l’entreprise coloniale atlantique ne saurait jamais être seulement qu’une épreuve de la distance. Elle constitue plus essentiellement une épreuve de la distanciation qui, à travers l’étendue qu’affrontent les hommes et les femmes engagés dans l’aventure atlantique, creuse sourdement ou avec une stupéfiante rapidité, dans les consciences individuelles et dans les imaginaires collectifs, un abîme possiblement aussi profond et menaçant que celui qu’ils surmontent hardiment dans leurs navires partis des côtes de l’ancienne France pour gagner les ports de la nouvelle ou les havres de l’archipel antillais. Le franchissement de l’océan n’est-il pas, pour la craindre ou pour l’espérer, une possible promesse d’affranchissement ? Et ce Nouveau Monde l’expérience d’un renouvellement ? Poursuivons ; l’étranger ne serait-il pas propice à une forme d’étrangement à soi-même entendu ici dans ses variables entremêlées de l’intime, du personnel, du commun et du collectif ?

Ces questions du soi, de l’intime et de ce que l’on appellera l’ipséité, ont une histoire propre et une archéologie documentaire spécifique entrelacées aux récits de la découverte et de l’exploration des nouvelles terres américaines et des peuples qui les habitent. Les écrivains de l’époque en étaient préoccupés et l’on trouve, explicitement ou de manière moins directe, dans les documents administratifs, les correspondances personnelles, les traités religieux et les textes littéraires – entre autres genres et sans négliger ici toute autre forme d’expression artistique –, des discours sur les craintes et les espérances quant à l’effet de distanciation spécifique à l’œuvre dans cette traversée et dans cette inscription dans un monde nouveau.

Le but de ces journées est de révéler ces fragilités, de dresser l’inventaire de ce qui est désormais perçu comme sur la ligne de crête d’une différence à protéger, à construire ou à surévaluer ; du moins suffisamment inquiété et découvert comme vulnérable pour être désormais réfléchi à l’image de ce qu’a pu provoquer dans la construction des identités modernes en France la formidable décomposition des guerres civiles de la seconde moitié du XVIe siècle. En spécifiant comment les hommes et les femmes de l’ancienne France ont perçu les effets de cette distanciation en eux-mêmes, ce colloque aidera à comprendre peut-être différemment les politiques et les attitudes françaises envers ces projets atlantiques – de quelque nature qu’ils soient – comme celles engagées vis-à-vis des peuples qu’ils viennent à rencontrer dans ce nouvel espace devenu celui d’un quotidien fondamentalement autre. Il peut aussi nous amener à réfléchir sur ces tremblements infinis qui saisissent une culture lorsque, adhérant à une idéologie de la stabilité et du conformisme, elle se découvre différente dans une réalité devenue celle d’un espace global où ses légitimités se trouvent comme perpétuellement discutées et négociées.

 

Les propositions de communication (350 mots environ) accompagnées d’une brève présentation biographique sont à adresser, en français ou en anglais, aux deux organisateurs du colloque pour le 20 décembre prochain (dkostrou@iupui.edu ; yann.lignereux@wanadoo.fr).

   

Comité scientifique du colloque

Virginie Chaillou-Atrous (Labex « EHNE » / Université de Nantes)

Antonio de Almeida-Mendès (Université de Nantes / Staraco)

Daniella Kostroun (Indiana University, Purdue University-Indianapolis / IEA Nantes)

Françoise Le Jeune (Université de Nantes / CRHIA)

Yann Lignereux (Université de Nantes / CRHIA)

Annick Peters-Custot (Université de Nantes / CRHIA)

 

Source: Daniella Kostroun