13-14 décembre 2018
Université Paris-Est Marne-la-Vallée/LISAA
et
Fondation Maison des Sciences de l’Homme de Paris
Organisatrices : Juliette Azoulai, Gisèle Séginger, Azélie Fayolle
Date limite pour les propositions: le 15 septembre 2018
À partir de la Renaissance, l’engouement pour l’Antiquité assure à la fois un retour aux fictions latines d’Ovide (Métamorphoses) et d’Apulée (L’Âne d’or) et une diffusion du terme « métamorphose » dans la langue. Le contexte culturel et religieux est favorable au développement de l’idée de métamorphose, dès lors que l’on commence à défendre la conception d’une relative autonomie de la nature et de sa nécessaire revalorisation.
Malgré une pensée très générale du perpetuum mobile, qui semble d’abord plus philosophique que scientifique et fondée sur l’observation, la métamorphose a néanmoins gagné – dès le XVIe siècle – une portée scientifique, permettant d’opposer au modèle religieux de la Création une autre conception de la nature et de ses transformations permanentes. En repartant des sciences naturelles du XVIesiècle, et d’auteurs qui ont proposé un savoir de la nature concurrentiel par rapport aux idées religieuses de Providence et de Création, le colloque permettra de s’interroger sur la persistance de ce savoir, ou sa remise en cause à l’époque classique (en particulier dans les travaux de Linné), avant d’aborder la redécouverte de l’idée de métamorphose à partir de la fin du XVIIIe siècle, d’abord dans le domaine de l’entomologie puis de la botanique. Elle se structure alors en notion, puis en véritable paradigme, à la fin du XVIIIe siècle, lorsqu’Erasmus Darwin (The Botanical Garden) et Goethe (La Métamorphose des plantes), tous deux s’adonnant à la fois aux sciences naturelles et à la poésie, reviennent à Ovide pour théoriser grâce à l’idée de métamorphose les premiers éléments d’un évolutionnisme.
L’idée de métamorphose a pour origine les mythes antiques, mais la science – malgré un souci croissant d’observation et d’expérimentation – s’en est donc souvent emparé sans cesser de s’appuyer sur un imaginaire mythologique et littéraire. Du XVIe au XIXe siècle, malgré les différences épistémologiques dont il faudra tenir compte, la métamorphose est souvent abordée à la croisée des disciplines : c’est l’échange entre fiction et notion qui retiendra notre attention, aussi bien dans des périodes où barrières disciplinaires ne séparaient pas science, philosophie et littérature (du XVIe au XVIIIe siècle) qu’à une époque plus récente, où un partage disciplinaire s’affirme alors que la théorisation scientifique demeure toujours stimulée par le souvenir d’Ovide, comme le montrent les cas de Goethe ou d’Erasmus Darwin. On pourra aussi aborder la période contemporaine où, après l’affirmation d’une nécessaire abstraction de la science qui semble condamner fictions et métaphores, des voix ont commencé à s’élever, même chez les scientifiques et les historiens des sciences, pour défendre une vision plus globale de la culture et une conception renouvelée de l’invention scientifique.
Ce colloque sera centré sur les métamorphoses naturelles impliquant des savoirs relevant du domaine des sciences de la vie et de la nature. Du XVIe siècle à l’époque contemporaine, les communications pourront aborder la métamorphose dans la perspective d’une étude des échanges croisés entre fiction et science. Il s’agira d’aborder des conceptions de la métamorphose naturelle qui relèvent d’épistémèsdifférentes, l’hypothèse étant que le mot « métamorphose » cache des théories et des conceptions bien différentes.
Quelques questions orienteront donc les réflexions de ce colloque.
1) Quel est le rôle de la fiction des métamorphoses dans la formation d’hypothèses scientifiques et de nouvelles conceptions ?
2) Quelles sont les différences entre les figurations conceptuelles de la métamorphose adoptées par les sciences de la nature aux différentes époques (Renaissance et âge baroque, âge classique, dix-neuvième siècle) ?
3) Quelles divergences épistémologiques, quelles oppositions de paradigmes révèlent les usages divergents de la métamorphose dans les textes scientifiques et littéraires d’une période donnée ?
4) Comment l’idée de métamorphose, transformée en contre-modèle (au XVIesiècle), en notion scientifique (dans l’entomologie de l’époque classique) ou en paradigme transformiste ou évolutionniste, produit-elle en retour de nouveaux types de fiction voire de nouvelles formes littéraires, un fantastique et un merveilleux scientifique renouvelés ?
5) Peut-on définir des poétiques de la métamorphose, et sont-elles propres aux diverses épistémès ou sont-elles multiples à une même époque et témoignent-elles alors de divergences de pensée ? Par-delà le XIXe siècle, où la métamorphose a été impliquée dans la formulation d’hypothèses novatrices (Michelet considérait Lamarck comme « le génie des métamorphoses »), la métamorphose naturelle continue-t-elle à fasciner les écrivains et/ou les scientifiques alors que d’autres idées – comme celle de mutation, de programme – semblent prendre le relais ?
Les projets de communication (20 lignes maximum) sont à envoyer avant le 15 septembre 2018 à Azélie Fayolle : azelie.fayolle@gmail.com
Site Interne : https://metamorphose.hypotheses.org/